2.2 Les éléments désorganisateurs des deux différences fondamentales, sexuelle et générationnel

Toute culture humaine se fonde sur l’interdit de l’inceste, sans cet interdit la horde primitive resurgit sous le joug de son père tout-puissant. Cet interdit fondamental constitue une nouvelle partie du tiers-culture.

Toutefois, nous savons que le fondement de l’organisation culturelle et psychique peut être attaqué au sein de la psyché par les pulsions déliées momentanément, la puberté est un de ces moments. La désorganisation se traduit par un fantasme d’autoengendrement ou un déni de la différence des sexes.

Le pubertaire vient faire effraction dans la psyché et oblige à un travail de remaniements psychiques, sexualisation psychique et appropriation de comportements sociaux sexuellement déterminés.

P. Gtton rassemble les turbulences causées par la venue de la pulsion génitale non inhibée du pubertaire sous l’égide de la complémentarité des sexes qui se caractérise par :

• La complémentarité entre pulsion et objet, processus connu au premier âge pour avoir été ensuite enfoui dans les organisations de la névrose infantile.
• L’advenue d’une réalité biologique et fonctionnement adéquat des zones érogènes génitales.
• L’achèvement de la séduction infantile. L’adolescent n’est plus passif au sens métapsychologique du terme. Il devient un actif séducteur.
• La coïncidence entre organe renouvelé par son évolution biologique et objet génital adéquat, créant une unité narcissique pubertaire originaire. L’éprouvé de la puberté est issu de deux assises : l’une est l’étayage de la zone érogène génitale, l’autre est l’investissement dont elle bénéficie de la part de l’objet (partiel) complémentaire. ¹⁷¹
• La potentialité d’unité narcissique pubertaire, résultant de l’intuition de l’autre sexe susceptible de combler le manque. ¹⁷²

La complémentarité des sexes se résout pour P. Gutton dans la recherche de l’objet adéquat, de l’objet amoureux, extérieur à la parentèle.

Le travail psychique de l’adolescent, quoi qu’il en soit des difficultés à penser la complémentarité des sexes, propre à tout adolescent, et des conflits qui vont naître afin d’évincer l’interdit de l’inceste et le parricide, repose sur l’histoire infantile du sujet, les possibilités qu’il a eu de rencontrer l’autre-extérieur et l’autre en lui, le traitement qu’il a pu faire du génital. La nouvelle chance de l’adolescence n’est malheureusement pas égalitaire.

Plusieurs solutions s’offrent à lui dans le traitement de la puberté, de la génitalisation pubertaire dont nous ne pouvons préjuger de la temporalité : le fantasme d’autoengendrement, le déni ou la négation de la différence des sexes.

Comme nous ne pouvons faire fi de la présence de l’objet, le troisième point abordé concerne une réponse inappropriée de l’entourage de l’enfant ou de l’adolescent, l’incestuel.