3.2.1 Les fonctions symbolisantes, dites paternelles

‘"La symbolisation est le processus de mise en forme, en représentation et en sens de l’expérience subjective vécue, elle est le résultat du travail de la psyché pour tenter de métaboliser ce à quoi elle se trouve, du dedans ou du dehors, à partir de la pulsion ou en provenance des objets, de fait confrontée dans le décours de la vie psychique. Ce travail est nécessaire aussi bien à l’appropriation subjective de l’expérience vécue qu’à son intégration au sein de la subjectivité, il commande celles-ci, il en représente la première condition de possibilité." 193

R. Roussillon souligne l’incontournable travail de symbolisation de toute vie psychique. Au demeurant il s’étaye d’une part sur un corpus expérientiel moteur et affectif et de symbolisations–resymbolisations précédentes et d’autre part sur l’actuel environnemental qui s’y prête favorablement, totalement ou partiellement. La pensée surgit dans un espace de réceptivité potentielle, sinon elle ne survient pas.

Un espace porté par le familial allie le dedans et le dehors, l’interne et l’externe dans un trouvé-créé incessant. Cet espace appartient au médium-culture. Sous l’égide du paternel, il propose de structurer de possibles symbolisations.

P. Legendre définit trois pères à partir du droit romain. Ces trois pères se situent dans des différents temps historiques et différents espaces de symbolisation :

  • Le père représentant du temps mythologique tient son autorité sur le domus des origines de la cité, de l’instance de la Référence absolue.
  • Le second père structure la généalogie en nommant et situant les places de ses descendants.
  • Le père du temps historique est celui qui articule les générations, il est une démarcation généalogique par rapport à la foule des morts.

L’articulation des trois fonctions paternelles, je dirais fonctions psychiques structurantes, œuvre pour une meilleure adéquation avec les lois de la cité. Elle s’éprouve autour du mythe de l’ancêtre, de l’assignation symbolique dans la structure généalogique, par la nomination et de l’inscription dans une lignée et dans la suite des générations.

Pour ma part, j’ai retenu les termes de père de la préhistoire, père de la nomination et père de la sublimation. La terminologie "père" n’est pas à entendre du côté du père réel mais d’une position paternelle interne.

Notes
193.

R. Roussillon, 2000, p 5.