II – Groupe familial – groupalités internes – groupe social

Poursuivons notre tour du propriétaire des liens psyché-culture. Après avoir traversé les fondations puis visité les "chambres à soi", lieux de séparation et de protection contre les fantasmes de destruction et d’indifférenciation et enfin nous être attardé dans les espaces collectifs qui imposent des réappropriations et des partages, nous allons maintenant nous intéresser à la vie de famille.

"En définitive", écrit V. de Gaulejac, " la généalogie civilise l’inconscient en s’opposant au désordre social comme au désordre pulsionnel dans les relations familiales 207 " d’où découle un "impératif généalogique… nécessaire à la constitution d’un ordre social" dont nous avons déjà vu plusieurs niveaux : la temporalité sociale/ l’intemporalité de l’inconscient, la nomination, le classement et enfin l’introduction de lois symboliques et de règles fondamentales de la vie communautaire.

Le groupe familial est un ensemble aux ramifications plus ou moins complexes quant au nombre de sous-groupes impliqués et à la multitude des relations possibles.

Une nouvelle lecture groupale, cette fois, amène à étudier les modalités de classement et d’organisation de ces classements dans la mesure où elles entrent en résonance avec le socius.

La proposition de construire un arbre généalogique offre un espace-temps projectif.

Le dessin libre est une représentation d’un groupe familial interne. J’utilise ici les théories de R. Kaës sur la groupalité psychique comme organisation et fonctionnement de l’appareil psychique. Les groupes internes désignent des formations et des processus intrapsychiques qui sont ordonnés comme une structure de groupe. Ce peut être l’image du corps, les fantasme originaires, le Moi, les réseaux d’identification, les systèmes de relation d’objet.

‘"Un groupe interne apparaît comme une configuration de liens neutres des "éléments psychiques", des pulsions et de leurs représentants-représentations, entre les objets, entre des représentations de mots ou de choses, entre des instances, des imagos ou des personnages internes. Dans ces groupes, le sujet se représente lui-même ou à travers ses délégués 208 ".’

Les groupes internes assurent des fonctions de liaison, de représentation et de transformation au niveau intrapsychique et intersubjectif.

La représentation du groupe familial conjugue une dimension diachronique et synchronique que nous retrouvons par la matérialisation de deux axes : l’axe vertical et générationnel et l’axe horizontal, des alliances et du fraternel.

Nous allons dans un premier temps porter notre attention sur le groupe familial et ses configurations puis nous privilégierons les liens horizontaux d’alliance et de parité. L’axe vertical, filiatif a largement fait l’objet de nos déambulations précédentes.

Notes
207.

1999, p 99.

208.

1993b, p 127.