Conclusion

Les trois premières configurations du groupe-famille s’apparentent au pôle isomorphique d’un groupe cité par R. Kaës. Ce pôle tend à réduire les écarts entre les membres d’un groupe.

‘"La tendance à l’isomorphie vise à l’appareillage du fonctionnement du groupe en un seul organisateur psychique groupal ; réciproquement chaque personne tend à s’appareiller, pour ce qui est de son fonctionnement dans le groupe, sur l’un des organisateurs qui, dans le groupe s’actualise. On peut dire que ce type de relation fonctionne comme un double repliement du groupe dans la personne et de la personne dans le groupe 213 ".’

Le sujet est inextricablement soudé au groupe, ici au groupe familial, par une adhérence unitaire dont un pacte narcissique en constitue le plus souvent la matière adhésive. Le pacte narcissique désigne une "assignation univoque ou mutuelle à un emplacement de parfaite coïncidence narcissique 214 ". R. Kaês ajoute "cet emplacement ne supportera aucun écart, car le moindre écart décolmaterait une ouverture béante dans la continuité narcissique, désoclerait les Idéaux du Moi Idéal, exposerait à payer un poids de chair la dette insolvable imposée pour ne pas naître".

La violence du pacte narcissique est doublée par un pacte dénégatif "qui s’impose dans tout lien intersubjectif pour être voué chez chaque sujet du lien aux destins du refoulement ou de la dénégation, du déni, du désaveu, du rejet ou de l’enkystement dans l’espace interne du sujet ou de plusieurs sujets 215 ". Ces deux pactes scellent les inconscients et crée du non-transformable, du non-signifiable, des blancs, des vides comme nous l’avons vu mais aussi des zones indifférenciées.

Il paraît alors difficile que voit jour des espaces intermédiaires de médiation, de pensée de l’absence. Certaines parties du groupe-famille liées dans la violence d’un pacte suture, clôture l’accès du sujet à un ensemble institutionnel ne fonctionnant pas sur ce mode.

Notes
213.

1993b, p 216.

214.

1993b, p 273.

215.

1999, p 274.