2. Les récits culturels

J’appelle "récit culturel", un récit qui se fonde sur une appartenance, une inscription culturelle. L’attachement à une culture dite d’origine viendrait-il réparer d’autres origines souvent incertaines du côté du couple parental ? La culture propose des idéaux, des mythes, des représentations du monde, étayants l’identité de chacun.

Nos propos s’appuient sur les recherches de R. Kaës sur la troisième différence.

L’auteur décrit trois formes de différence "qui se constitue sur la base d’une opposition".

La première est l’opposition humain/non-humain qui a été abordée à plusieurs reprises au cours de ce texte.

La seconde reprend les deux différences des générations et des sexes.

La troisième délimite un "nous", celui du narcissisme des petites différences.

‘"La troisième opposition s’organise sur la base des différences dans l’ordre des appartenances sociales et de la culture, elle introduit le sujet à ses repères identificatoires, aux identités passagères, aux alliances psychiques, narcissiques et défensives nécessaires à la vie en commun, aux renoncements que chaque culture exige pour fonder son ordre symbolique propre. La transgression de cette opposition produit la subversion et l’ennemi 249 . ’ ‘"La trame psychique de l’expérience culturelle" est constituée par les alliances inconscientes – contrat narcissique, pacte narcissique, pacte dénégatif -. ’

Cette troisième différence n’est pas biologique, les transgressions ne relèvent d’aucune infamie mais métaphorise toutes les autres.

R. Kaës en définit trois caractéristiques :

‘"La différence culturelle nous confronte à revivre la relation d’inconnu qui s’origine dans la relation à la mère, et représente ce qui en nous et en elle, demeure inconnu, attractif et redouté.’ ‘La différence culturelle nous confronte à la rupture de tout ce qui, en soi et dans la culture, correspond au maintien de la relation d’unité duelle ; en ce sens, comme la figure de Laïos dans le mythe d’Œdipe, le père est figure de l’étranger.’ ‘(Elle)… nous confronte à l’identité humaine, avec les critères et les limites par lesquels nous la constituons 250 ".’

La culture d’origine, saisie par l’imaginaire offre l’occasion d’un travail de représentation de soi, un élément à la fois de différenciation et de retour au symbiotique groupal.

Nous connaissons les dégâts individuels et groupaux au nom des revendications identitaires qui naissent dans les zones troubles des défaillances narcissiques et dont la prison est l’un des viviers.

Le récit culturel de Mario introduit cette mise au travail des origines culturelles.

Notes
249.

1998, p 11.

250.

1998, p 69.