2.2 Analyse clinique des récits culturels

Un récit culturel comporte une ébauche de fiction incluant des événements réels ou imaginaires de la préhistoire du sujet.

Nous observons trois positions à l’encontre des récits culturels :

• L’absence de récit à résonance culturelle,
• Le récit d’un bain culturel indifférenciant,
• L’espace-médium de la culture.

Sur les treize jeunes, six n’ont pas fait part de récit à résonance ethnique ou sociale : Lamzi, Malek, Mounir, René, Salah et Smaël.

Certains sont entravés dans des relations imaginaires incestuelles - Lamzi, Malek et Smaël – d’autres sont pris dans un télescopage généalogique – Mounir, René.

Pour Michel, la référence culturelle est citée comme une enveloppe du groupe familial. La culture joue un rôle de bain culturel sans ouvrir à un travail de la culture. Le sujet est "fondu" au sein de sa culture, au sein du ciment commun du syncrétisme de J. Bleger.

Six jeunes ont raconté des bribes de récit culturel : Abdel, Adjib, Jean, Mario, Mimoun et Tair.

Hormis Taïr pour lequel j’ai apprécié son discours sur la banlieue comme récit culturel, les autres évoquent un pays d’origine ou d’une culture d’origine.

Taïr décrit la particularité de son milieu d’appartenance, milieu désigné par la mise à l’écart de la société par la folie, l’incarcération ou la mort anticipée. Il en dépeint également la promiscuité et les conditions de vie, proches dit-il de l’organisation carcérale. Taïr parle d’une population désignée d’exclus sous surveillance. Il est embarqué sur la nef des fous… alors qu’il revendique la pluralité de ses rôles sociaux. Cette revendication déplace sa problématique familiale où il n’a pas accès à la multiplicité des places généalogique.
Les cinq autres jeunes rapportent une culture de rattachement familiale. Jean cumule deux cultures, paysanne et bourgeoise. Abdel est rattaché à sa famille marocaine, Mimoun use des bénéfices de l’étranger : parler deux langues, retrouver sa terre.

Adjib et Mario mêlent plaisir et honte à s’approprier une histoire lointaine.

Les liens à la culture ouvrent une voie au travail des identifications. Le récit culturel profite d’un espace médium de la culture, terreau d’une possible fiction qui déplace l’espace de jeu du héros de la transgression sociale vers l’intégration culturelle, d’un retour vers l’aire de la continuité.