3.1 Inhibition narrative/récit des inhibitions

Certains sujets n’ont pas formulé de récit culturel ni de récit anticipatoire, d’autres dans leurs récits arguent d’un désir de retour au passé dans une recherche de protection ou d’autres encore attestent d’une inhibition de projet identificatoire.

Malek aurait aimé faire des études mais déclare qu’à 19 ans, c’est trop tard. Malek ne présente aucun étayage identificatoire dans son environnement depuis que son père et son oncle se sont dérobés. Il est vide de filiation et d’affiliation le laissant du côté du désespoir, sans futur.

Mounir nous a sollicités pour des changements de cellule car il souhaitait se rapprocher d’un de ses cousins. Il recherchait un lieu de protection dans un monde menaçant. La représentation familiale n’entrouvre pas de possibilité de dégagement ni historique ni prospective. Le présent concentre son attention dans une recherche d’objet anaclitique.

Les récits de Lamzi, René, Salah et Smaël vont dans le sens d’un désir de retour à un univers rassurant, transformant les pulsions et les angoisses, les éléments béta et éléments alpha selon Bion.

Le discours s’oriente vers une recherche de protection, voire d’enfermement dans la sphère familiale afin d’éviter toute récidive. Le socius présente un danger et mieux vaut s’en éloigner. Smaël pense s’enfermer chez son père, Salah accuse l’entrée dans la vie sociale comme responsable de ses délits, il souhaite un retour rapide à la maison. Lamzi se replie sur l’espoir en sa nouvelle famille. Michel retourne au bon sein du clan tzigane.

Les récits régressifs envisagent le futur dans un mouvement de retour aux sources familiales pour y retrouver une enveloppe protectrice et rassurante, un moment perdue.

Il s’agit de retrouver un porte-parole que le socius a remis en cause et de s’y fier, s’y confier.

L’accès à un récit culturel n’est pour l’instant pas suffisant pour affronter seul les mouvements pulsionnels. L’inhibition protège le sujet de la gestion du désir et du travail de séparation.

Adjib souhaite faire table rase du passé, tout recommencer… Mario ne se prononce pas quant à son avenir, il attend ses jugements et poursuit ses études…Taïr émet quelques espoirs mais craint leurs échecs…

Suivant cette citation de F. Maqueda, nous y trouvons une dimension mélancoliforme.

‘"L’excès d’excitation fourni par le conflit culturel ne peut être métabolisé en terme de lien, mais au contraire agirait comme une menace de désaffiliation au groupe d’appartenance des ascendants, menace de perdre la logique d’affiliation alors que c’est bien la filiation enrichie de l’altérité transitionnalisée qui donne le sentiment d’individualité, de l’individu dans son humanité 256 ". ’

Notes
256.

Maqueda, p 161.