1.1.2 Le présent adolescent

L’adolescent est aux prises avec une fragilité des liens intrapsychiques et intersubjectifs, une fragilité narcissique et des relations d’objet.

‘"Le moi dans le processus d’adolescence est dans le présent du danger. La clinique intrique : un état sous menace (blessure narcissique, dépendance, désobjectalisation au maximum, désolation) et les principes de précaution : emprise sur l’autre…Tout se passe comme si le moi pubertaire était dans l’obligation de vivre dans un présent lourd d’une menace de perte objectale.” 315 écrit P. Gutton,’

Ce présent anticipe la perte, l’imprévisibilité de la perte de l’objet. La séparation annoncée (fin des entretiens de recherche) n’en sera pas moins vécue comme un abandon, une attaque, une rupture des liens. Le présent adolescent est parcours entre mise en acte et latence, entre progrédience et régrédience. L’adolescens de P. Gutton ou le processus de subjectivation de R. Cahn, repris par F. Richard ne se déroule pas dans un temps linéaire.

‘"Cette mutation structurelle qui, d’une prédominance du moi idéal va à son effacement au profit d’un idéal du moi / Surmoi de plus en plus universel et culturel au décours d’une temporalité scandée par des métabolisations biologiques et par des moments où la transformation des figures prédominantes de l’idéal du moi peut induire un trouble transitoire des limites du moi” 316 . ’

Dans le parcours adolescent la prise sur le réel, la possibilité de l’influer ouvre une aire de jeu entre maîtrise et transformation.

Le réel pénitentiaire s’impose comme espace d’assignation et se défausse en tant qu’aire d’aménagements/réaménagements psychiques. Il précarise toute élaboration à la faveur d’une régression de la pensée. La contention ne peut jouer qu’un rôle partiel de contenants de pensée, d’enveloppe protectrice. L’étayage narcissique s’avère le plus souvent inadapté aux populations d’adolescents et de jeunes adultes qui nécessitent des flux de renforcement narcissique plus soutenus et continus.

Notes
315.

Gutton : violence et adolescence, p187

316.

Richard F. , 2001, p 13.