1.1.3 Le présent dans la métapsychologie

Le présent a-t-il une existence dans la temporalité psychique où se côtoient l’intemporel de l’inconscient et la répétition ?

Le présent serait-il du côté du perceptif ?

‘"L’appareil perceptif psychique", dit Freud, " comporte deux couches : l’une externe, le pare–stimulus, destiné à réduire la grandeur des excitations qui arrivent du dehors, l’autre derrière celle–ci, surface réceptrice de stimulus, le système Ps–Cs… La couche réceptrice de stimulus – le système Ps-Cs. – ne forme pas de traces durables ; ce qui fonde les souvenirs se produit dans d’autres systèmes avoisinants." 317

Le perceptif n’est pas une condition suffisante de l’enregistrement temporel. Il s’imprime dans la psyché en connexion avec des traces du passé.

Dans l’inconscient le temps et l’espace sont interchangeables, la représentation spatiale prime sur la représentation temporelle. La proximité spatiale au détour d’un rêve peut signifier une proximité temporelle. Le rêve de Mario : "Une femme, la bouche en sang s’approche de son visage". Si nous interprétons ce rêve dans le présent transférentiel, la femme représente la proximité de l’entretien (le rêveur rapporte les bribes du songe de la nuit qui a précédé notre rendez–vous). Le risque de dévoration par l’objet, d’une éventuelle séduction de l’objet, se dialectise avec, par retournement, la position ambivalente du rêveur qui cherche à la fois à incorporer le bon objet et à le mordre, à le détruire. Première séparation moi/non-moi, sein/ bouche. Le rêveur se place dans une position passive, obérant sa propre pulsion cannibalique, réactualisée dans le transfert alors qu’il dément toute constitution de lien intersubjectif.

Le présent de la relation clinique est déplacé dans l’histoire du sujet, il envahit l’espace psychique et a contrario la femme cannibale de son enfance est déplacée dans le transfert. De ce fait, il l’inscrit dans l’espace, (la proximité du visage) à défaut de l’inscrire dans la temporalité.

Le rêve est apporté dans le présent des entretiens de recherche à l’approche de la séparation. Le rêve porte sur la proximité d’un objet menaçant, l’entretien a lieu le lendemain du rêve. La menace du travail psychique et la crainte de la création d’un lien sont patents.

Cependant le rêve renvoie, entre autres, au souvenir de la nourrice vérifiant l’endormissement de l’enfant à la lumière d’une lampe de poche braquée sur son visage.

Le présent des processus primaires est un présent condensé, contracté, déplacé, intemporel. Les processus secondaires lui rendent sa chronologie. L’intérêt que je porte à l’analyse du présent dans le cadre de la recherche prend son sens dans son interprétation polysémique de condensation temporelle, d’immanence du danger adolescent et de risque d’effondrement de ces pathologies narcissiques identitaires. Nous allons poursuivre en ce sens.

Notes
317.

Freud S, 1925, p 122.