3.2.1 Habiter le quartier

L’habitat distingue deux lieux, lieux privés et lieux publics. Dans l’entre-deux, des passages, des jonctions, des espaces intermédiaires sont investis différemment selon les cultures et à travers l’histoire. La protection de l’espace privé est une conception récente et occidentale du "vivre ensemble" qui prend ancrage dans le modèle bourgeois du XIXème siècle.

‘" Les règles d’interdiction de l’espace urbain sont des prescriptions implicites et intériorisées ; elles constituent des conduites sociales. En démocratie, les règles de domination supposent la participation inconsciente des sujets dominés. Le regard du sociologue…voit conventions et organisations sociales dans des attitudes qui, pour le profane, paraissent liées aux hasard et aux habitudes. Chaque société organise son espace ; pas de groupe humain sans classement, sans répartition, sans usage social de la dimension géographique. Ce classement se lit dans la rue, lorsque nous trottons sur le trottoir 333 ".’

L’utilisation de l’espace urbain, création historique et culturelle, appartient à un mode d’être non-conscient du rapport psyché-socius. Les espaces intermédiaires privé/public, interne/externe sont l’objet d’usages dits déviants de la part de sujets en désaffiliation sociale. Alors le rapport intime/collectif s’inverse, confabule ou fusionne et la qualité intermédiaire de certains espaces tend à disparaître.

D’autres passages relient non plus l’intime au collectif mais les quartiers entre eux, le dedans et le dehors d’une zone urbanisée. Ils deviennent dans certains quartiers et pour certains sujets des gués infranchissables. Les frontières du quartier forment alors une enveloppe protectrice, une second peau.

Notes
333.

Gaboriau Patrick, 1995, La civilisation du trottoir, Paris, Austral, p 151.