Arbre généalogique

Adjib se note en premier lieu, en bas de la feuille. Son prénom associé au triangle signifiant le sexe est le point de départ de la construction de l’arbre généalogique. Adjib trace ensuite un trait rouge qui le lie à une femme, puis un trait bleu qui le lie à un homme.(signe sexuel) Puis il note deux prénoms qui sont ceux de ses parents.. A partir de son père, il trace à nouveau un trait rouge et un trait bleu qui relie son père à ses propre parents.

Il revient noter les prénoms de ses frères et sœurs par ordre de naissance en dessous de son prénom. Sa fratrie se compose de son frère et de trois demi-frères et sœurs du coté paternel. Il ajoute F et S qui signifient frère et sœur. Il soupire montrant par là ses efforts de concentration. Il termine son graphisme en complétant la fratrie de sa mère puis celle de son père. Sa mère est reliée par un trait noir à une femme, qualifiée de tutrice.

Adjib trouve sa famille ainsi représentée petite… "peut-être que je m’y suis mal pris…"

Sa mère a été orpheline de mère, jeune, et a été adoptée ainsi que ses soeurs par une femme, une blanche, qui apparaît sur le dessin, liée par un trait noir à la mère d’Adjib. Cette femme a ramené les quatre fillettes en France. Il la considère comme sa grand-mère : "Je suis obligé de la noter, quand j’étais mineur, c’était la seule à venir me voir en prison…Mes parents voulaient me faire émanciper. Elle a voulu être ma responsable légale mais quand je suis retourné en prison, elle s’est désistée… c’était trop dur pour elle" .Il est resté chez elle quelques mois lorsqu’il avait 16 ans. A nouveau, elle est la seule à lui rendre visite dans son dernier foyer en Haute Savoie. Il ajoute :"Au niveau du sang elle n’est rien mais pour quelqu’un qui n’a rien à voir avec moi, elle s’est beaucoup occupée de moi."

Cette femme est brouillée avec la mère d’Adjib. Nous n’en connaîtrons pas la raison. Cela renforce l’admiration qu’ Adjib peut avoir à son égard : "elle est en guerre depuis 20 ans avec ma mère, elle aurait pu me laisser tomber….elles ne se voyaient pas, ne se parlaient pas alors qu’elles habitent à côté.. ."

De toutes ses tantes, seule, Némone vit aux Antilles depuis une dizaine d’années. Ses tantes ont des enfants mais il ne les a pas notés car "çà fait longtemps qu’il ne les a pas vus…il était petit…Il se souvient de la grande fille de Némone qui doit avoir son âge et qui est venue en France il y a deux ans…"

La mère d’Adjib a reconstitué un couple, son père également. Les nouveaux conjoints ne sont pas notés sur le graphique.

Adjib en veut beaucoup à son père qui dit-il "lui a toujours tout remis sur le dos"…même les incartades de son frère. Il raconte que son père a craint de payer des frais supplémentaires suite à l’accident qu’il a eu au volant d’une voiture volée à l’âge de 15 ans : "J’aurai préféré crever plutôt qu’il me reproche cela et qu’il les paye…je ne l’ai pas fait exprès pour l’accident…"

Du côté paternel, son grand-père est décédé lors d’une de ses incarcérations. Sa grand-mère vit dans la même ville que son père. L’organisation de la fratrie de son père ne suit pas l’ordre des naissances. Le triangle et le rond juste en dessous du prénom de son père signifie un couple de jumeau alors qu’en dessous des flèches lient la sœur ou le frère à son mari ou à sa femme. Là encore ses oncles et tantes ont des enfants qui ne sont pas notés. C’est en parlant de sa famille qu’il ajoute les prénoms des époux et épouses. :" je n’y pensais même pas."

Adjib ne connaît pas la dernière de ses demi-sœurs. Il décrète ne pas aimer la nouvelle femme de son père ni le compagnon de sa mère. Pour sa belle-mère, il affirme : "Je n’aime pas ceux qui ne m’aime pas".

Il qualifie le compagnon de sa mère de raciste : "il n’aime pas les arabes " et il ajoute : "je n’y avais jamais pensé avant : les deux conjoints, des deux côtés, ne m’aiment pas." Il sait que ses grands-parents paternels sont venus d’Algérie en France pour travailler. Les deux frères aînés de son père sont nés en Algérie et les autres enfants en France. Ses grands-parents retournaient toutes les années en vacances en Algérie. Lui n’y est jamais allé alors que son petit frère a déjà fait le voyage. Dans le village d’où ils sont originaires, plusieurs personnes portent son prénom : "J’irai un jour, c’est obligé, c’est de là qu’ils viennent mes parents…"

Il se sent plus algérien qu’antillais, "à cause de mon nom qui est 100% algérien".

Il termine en donnant la signification de son prénom : intelligent, sur la bonne voie…"mais ils se sont trompés. C’est un nom difficile à porter, la voie est difficile."

Il trouve dans l’après-coup sa représentation compacte, pense qu’il aurait dû commencer par le haut, que normalement il y a plus de traits.

Cette famille est un peu pesante :" pas toute la famille. Il n’y a que mon père qui me pèse, il me pèse sur mes nerfs, sur ma tête, sur tout, sur moi. Il veut toujours être là pour moi mais je crois qu’il ne sait pas y faire. Il est présent dans les choses qui ne vont pas mais pas pour m’aider dans ce qui ne va pas….c’est vrai, il me dévalorise beaucoup. Il aime bien tout me mettre sur le dos. Dès qu’il y a quelque chose qui ne va pas c’est de ma faute même si je n’ai rien à voir avec çà."

Lorsque que son grand-père paternel est décédé, son père lui a écrit à la fois pour lui annoncer la nouvelle et pour lui reprocher d’en être la cause…"parce que mon grand-père aurait eu trop d’inquiétude à cause de mes bêtises…çà m’étonnerait que ce soit ma faute mais c’est mon père qui dit çà…je ne sais pas…"

Puis Adjib explique que dans les familles arabes, les enfants ne peuvent pas contredire les parents : "J’étais obligé de dire oui, que c’était de ma faute…je pouvais parler mais il fallait que je sois d’accord avec lui. Je pouvais pas, réfléchir et donner ma propre opinion. Çà a toujours été comme çà peut-être parce que je suis l’aîné…"