Les entretiens hebdomadaires

Après son jugement, Jean souhaite poursuivre les entretiens. Le psychiatre lui a prescrit un traitement antidépresseur. Nous poursuivrons cette thérapie bifocale. En fait, il s’agit plus d’entretiens de soutien car Jean s’engage difficilement dans un réel travail psychique. Il semble avoir trop peur de toucher à sa violence interne.

Sa famille est très présente. Ses parents viennent régulièrement au parloir ainsi que ses frères.

Il dit que sa mère ne supporte pas la prison et que c’est très pénible pour elle de venir. Un de ses frères viendra plusieurs fois à sa place. Il se plaint à plusieurs reprises de ce que l’incarcération lui impose à lui et à sa famille sans jamais établir de lien avec son origine.

Son emprisonnement reste de l’ordre du secret familial et social. Seule, la famille de sa mère biologique est mise au courant et il correspondra avec sa grand–mère maternelle. Comme il est impensable que les deux autres familles soient informées, il est donc sensé travailler dans une région éloignée.

La prégnance du social, de l’apparence onde cette famille narcissique.

Plus tard, Jean participe à un atelier d’écriture thérapeutique et se plaint de ne pas être compris dans le groupe, que ses propos soient dénaturés, que son style ne soit pas conservé. Il veut discuter de sujet qui l’intéresse : l’homme est un parasite.

Je lui dis qu’il se sent seul …Il associe sur le fait que sa mère lui reprochait de ne jamais pouvoir rester seul, qu’il avait toujours besoin d’avoir des amis autour de lui.

Les entretiens s’appauvrissent, la reconnaissance vouée à ses parents qui lui rendent visite clôt toute évocation de son histoire et tout mouvement psychique.

C’est au vu de ses difficultés à penser et à avoir accès à ses affects que je propose l’introduction des médiateurs pendant les entretiens.