Synthèse des deux médiateurs

Après un premier essai qui ne comporte que quelques noms, Jean prend une seconde feuille. Sur cette première représentation graphique, Jean a écrit "ma mère" pour désigner sa mère biologique. Il la désignera dans le second graphique par son prénom à l’inverse de sa belle-mère qui est qualifiée du vocable "maman".

Il utilise le crayon noir, le rouge pour les signes de différenciation sexuel et le vert pour indiquer les professions.

Son dessin est composé de trois parties qui correspondent à ses trois familles d’appartenances : maternelle biologique, paternelle et maternelle.

Sa configuration est diffractée, unilinéaire avec une prise en compte de chaque lignée mais de manière non-liée.

A l’intérieur de chaque famille, les alliances font l’objet d’un traitement particulier, de regroupement des couples dans une même case.

Les fratries et les liens de cousinage sont nombreux, témoignant de destins prestigieux.

"Moi" le désigne le laissant sans nomination, sans transmission de nomination.

Le clivage prédomine

En revanche sa trajectoire spatiale constitue une suite événementiel dont le présent est exclu. La suite chronologique de temps est précisée dans un souci de superposition au temps social mais discontinue, interrompue par des ruptures. Jean construit sa trajectoire spatiale à partir de sa scolarité, l’âge de l’entrée en CP et l’âge de la fin de sa scolarité sont des repères temporels

La cassure entre les trois familles se répète dans les césures entre chaque lieu de vie. Le clivage organise la psyché. L’institution carcérale renforce cette organisation psychique en le gardant au secret.

Jean entre en internat en 4ème pour deux années. Cette expérience institutionnelle est évoquée dans un premier temps en parallèle avec l’actualité pénitentiaire. ..comme un prison…avec des fouilles…puis comme une colonie de vacances, un lieu de plaisir…

L’institution qui emploie son père est également comparée à la vie carcérale.

L’institution scolaire trace le fil rouge de sa trajectoire supplantant ainsi les nombreux déménagements.

Sa trajectoire relève d’une juxtaposition événementielle plus que d’une véritable historisation. L’ancrage socio-culturel est clairement décrit, le confrontant à des conflits de loyauté. En revanche, le présent pénitentiaire n’apparaît pas, la prime du sceau du secret transparaît dans sa trajectoire. Le récit anticipatoire participe d’une destinée grandiose et d’un désir de vengeance : "leur monter ce qu’il vaut". Une position de compromis semble jusqu’à présent inaccessible.

Les défenses contre des agonies primitives, des angoisses agonisitiques s’organisent autour des discontinuités qui isolent les temps de la vie les rendant imperméables les uns aux autres et protégeant paradoxalement un sentiment de continuité du Moi, celui qui survit n’est pas affecté par les séparations.

Les échanges à l’intérieur de son histoire, à l’intérieur des différentes instances psychiques pourraient donner accès à de l’inconnu, à de l’effondrement. L’organisation narcissique de Jean est précaire et d’une énergie très coûteuse. Sa fragilité en fait une proie facile des situations de séduction narcissique, des liaisons dangereuses…du côté des affiliations homosexuelles…