Arbre généalogique

Je ne me rappelle pas plus loin que mes grands-parents". Il se souvient que sa grand-mère ( ?) est morte alors qu’il était âgé de 6 ans . Cette grand–mère n’apparaît pas sur l’arbre généalogique. Une arrière– grand-mère ?

Il commence par s’inscrire sur la feuille : " Je marque moi ou mon nom ?". Il poursuit en notant sa sœur à gauche et son frère à droite classant ainsi la fratrie par ordre de naissance. Il relie chacun par un trait. Il écrit tout en bas de la page, très serré.

Pour mes parents, je fais des cadres et après je les marquerai". A partir de chaque cadre, il trace un trait vers chaque enfant. Il écrit ensuite le nom de son père en majuscule.

Mais sa mère a huit frères et sœurs et il ne sait comment les placer tous. Il commence à effacer. Nous lui proposons de scotcher une autre feuille si nécessaire. Il réécrit le nom de son père en minuscule.

Il note donc un frère de sa mère et dans une case contiguë son épouse et leurs enfants sur la ligne de la génération de Malek. Les deux familles ont la même configuration : les membres du couple parental ne sont pas reliés mais chaque parent est lié à chaque enfant. Le trait entre sa mère et son frère Malik crée l’illusion d’un couple.

Il utilise beaucoup la gomme.

Il poursuit la fratrie de sa mère en traçant un trait qui contourne la tante par alliance.

" Est-ce que çà va comme çà, comme je n’ai pas fait de trait entre mon père et ma mère ?"

Il répond négativement à notre proposition de rajouter de la couleur.

Il termine la longue liste de la fratrie maternelle en ajoutant le demi-frère de sa mère d’une première union de son grand-père . Ce demi-frère est noté au-dessous de la liste à gauche de la feuille.

Il nous demande s’il doit noter les morts. Il note "décédé " dans la case de ce demi–frère puis inscrit ses enfants qui vivent en Algérie : " je connais le fils qui est déjà venu en France mais pas la fille". Il met un ? sous " la fille".

" Il ne manque plus que les grands-parents, Je vais les mettre en gros".

Il ne se souvient plus du nom de jeune fille de sa grand-mère maternelle. Il trace méthodiquement des traits qui relient chaque enfant à leur père (son grand-père) …Cela lui prend beaucoup de temps. "Je ne fais pas les traits pour ma grand-mère".

Son père a une autre famille en Algérie. Il a eu des enfants d’une premier mariage. Malek ne connaît pas la famille de son père, se souvient avoir vu des photos avec son père et sa mère mais ne les a jamais rencontrés.

Il se rend compte qu’il ne se rappelle pas de la profession de ses oncles.

Il trouve " désagréable de se rendre compte qu’il n’a pas de famille du côté de son père…

Çà me fait penser à ma grand-mère, à mes oncles, mes tantes que je n’ai pas vu depuis deux ans. Avant je les voyais tout le temps et çà fait un trou. On m’a déjà parlé des sœurs de ma grand-mère. 3 ou 4 sœurs sont décédées. Une s’appelle Noura, elle vit en Algérie. Elle venait en France. Elle avait quasiment l’âge de ma mère entre 45 et 50 ans. On disait qu’elle était gentille". Il inscrit Noura sur son graphique.

" Du côté de mon père je ne connais pas. Du côté de ma mère, j’ai fait le tour »

Il distingue les personnes les plus importantes en hachurant les cases. Sa mère est la plus importante puis son oncle Malik qui s’occupait de sa scolarité, ensuite son père. Son père est arrivé en France à 13 ans et n’est jamais allé à l’école.

Mon oncle Malik me faisait travailler le dimanche avec mon frère ". Un autre de ses oncles a pris un rôle d’autorité lors du départ du père. Puis l’oncle Malik ne s’est plus occupé de lui. Çà l’a soulagé car il était strict. « D’un côté, il n’avait rien à faire de moi mais en fait non c’est parce que c’est pas mon père, il devait s’occuper de ses fils…maintenant je pense que c’était mieux quand il s’occupait de moi…Après j’ai eu de moins bons résultats scolaires ,je n’étais plus le premier…je me suis détaché des études quand j’ai eu moins de motivation et que mes oncles étaient moins présents".

Il avait peur d’un de ses oncle très sévère et sa mère le protégeait de lui mais " çà avait de l’influence sur moi ".

" Je voulais faire des études, c’était un but pas un rêve. On a envie d’être grand ou comme les grands plus vite ; je regrette et je savais que j’allais regretter. Je ne savais pas comment faire. La prison c’est un jeu qui a mal fini. C’est lié à l’école, à la place d’y aller je faisais des bêtises. J’avais plein de métiers en tète, çà a abouti à rien, vivre au jour le jour. Je ne sais pas si je ne veux pas commettre des délits toute ma vie. Il n’y a pas de projet ici…C’est tout de suite pour l’argent. Je veux trouver un travail pour servir de base à un nouveau projet, trouver mieux, une formation, faire ma vie, avoir des enfants. J’aimerai reprendre des études. A 19 ans, c’est trop tard…continuer un autre projet sans avoir de diplôme".

Malek ne se présente pas au rendez–vous suivant et ne répondit pas à nos courriers. Sa sortie était imminente.