Histoire de Mario

Ce garçon, que nous appelons Mario ici, est très fier de son prénom, "peu fréquent".

Il déclare, dès le premier entretien, qu’il a été abandonné à sa naissance. Il est né des amours passagers d’un étudiant africain et d’une jeune française d’origine italienne dont il nous laisse entendre qu’elle est malade mentale. En fait Mario ne sait rien des deux premières années de sa vie. Il a été placé en famille d’accueil à l’âge de 2 ans et demi avec sa sœur cadette de 18 mois. Sa sœur, elle, n’a pas été abandonnée…

"C’est suspect cette histoire. je n’ai jamais réussi à avoir une vraie version. Mon père m’a montré une soit disante lettre écrite par ma mère disant que j’étais mort étouffé…C’est peut-être mon père qui l’a poussée à m’abandonner. Savoir j’ai été abandonné ou pas, maintenant çà ne me travaille pas…çà revient au même…Mon père et ma mère était ensemble chez le juge quand j’étais petit pour la décision de placement."

Il se souvient de visites irrégulières, les week-end et les vacances scolaires chez son père. Il a vécu chez son assistante maternelle, une femme seule, jusqu’à l’âge de 14 ans, moment où ses " frasques" (fugues, violences envers son assistance maternelle) deviennent insupportables. Passant outre les diverses maltraitances subies par cette femme, il se demande comment elle a pu obtenir l’agrément de famille d’accueil :" une vielle, une femme seule… Une famille d’accueil doit être un couple." Il se pose beaucoup de questions sur son assistante maternelle, sur ses motivations : "Pour moi, une famille d’accueil, c’est un couple qui a déjà des enfants. Là, c’était une femme toute seule. C’était bizarre. Elle a eu d’autres jeunes à différentes périodes . Mais ma sœur et moi, on est resté à long terme… Pourquoi nous ont-ils laissé chez une femme seule, âgée ? Des fois çà se passait bien, d’autres fois non. Pendant une période je l’appelais maman, puis non. C’était pas une crise d’adolescence, elle était gentille mais vieux jeu. C’est pour cette raison que je n’ai pas fait ce que font les autres enfants, ce que j’aurais dû faire. En grandissant, c’était plus comme une maman…"

Il a vu des émissions et des reportages où "des gens prennent les enfants pour de l’argent". Cela lui a fait se poser des questions…

Après quelques temps chez son père, également très violent à son égard, il connaîtra la sempiternelle valse des placements en foyers et en familles d’accueil. Sa sœur demeure chez l’assistante maternelle jusqu’à sa majorité.

Mario a été scolarisé jusqu’en seconde générale et semble avoir été un bon élève, intelligent. Un accident interrompt définitivement ses études alors qu’il doit être orienté vers un BEP comptabilité. Il fait une chute d’une fenêtre d’un foyer, il " jouait " à passer d’une fenêtre à l’autre et s’empresse d’ajouter qu’il ne voulait pas se suicider.

Jusqu’à son arrestation, il vit d’expédients, suffisamment confortablement, pour louer un appartement qu’il partage avec sa sœur.

Mario parle de voyages en Italie, de manière énigmatique, il y faisait des affaires …

Il a rencontré sa mère 3 ou 4 fois dans sa vie, il s’est déjà rendu à son domicile.

Son père, à la fois admiré et haï, est actuellement ingénieur et travaille dans la région. Il s’est remarié, il y a quelques années, avec une femme de son pays d'origine.

En détention , Mario est actuellement affecté dans un bâtiment qui héberge les français d’origine et les détenus issus du grand banditisme. Ce bâtiment est apprécié pour sa tranquillité.

Après un premier temps de refus de l’enfermement où il tente une évasion, Mario s’est installé. Il fréquente le centre scolaire pénitentiaire régulièrement, le bac en objectif. Il passera les épreuves anticipées de 1ère au mois de Juin.