Les fugues

Dans le foyer du B, il partait la nuit et revenait le matin avant de partir au lycée. " Personne ne peut me forcer à rester en place…à part ici"». Il a toujours besoin de bouger, il a fait beaucoup de fugues. Les adultes n’avaient pas le souci de lui. L’éducateur lui disait : " Qu’est ce que je vais dire au directeur ?"Il lui demandait jamais comment il allait. Son père savait qu’il allait revenir et ne se souciait pas de lui. Aucun adulte ne s’est inquiété de lui…Les adultes avaient peur pour eux mais pas pour lui. Quand il était petit, il faisait de fausses fugues : il n’avait nulle part où aller. Il préparait son sac, partait et revenait dans la nuit. "Elle lui disait : " D’autres ont fait comme toi, tu ne seras pas le premier…"»

Quand il a grandi, il est parti pour de bon.

A C, il n’a pas eu besoin de faire de fugues car il était libre d’aller et venir, à la Majo, non plus.

Il rappelle la fugue qu’il avait fait pour retourner chez sa nourrice. Il avait croisé la voiture de son père qui revenait de raccompagner sa sœur. Il s’était alors mis à courir pendant plusieurs kilomètres…Il avait peur dès qu’il apercevait une voiture semblable à celle de son père. Son père est venu le chercher le lendemain à la gendarmerie.

Il a vu de temps en temps des violences de son père sur son frère, Pascal, pire que pour lui…

Son père n’a jamais frappé sa sœur car dès qu’il élevait la voix, elle se mettait à pleurer. "Elles sont comme çà les filles. Je me suis parfois dit : il va me tuer. C’est une expression mais parfois…  Il frappait aussi sa femme. Il faut dire qu’elle le poussait à bout. Quand quelqu’un est énervé, on le laisse tranquille. Elle, elle continuait à l’asticoter…" Même s’il ne l’aime pas, il ne laissait pas faire et son frère non plus. Elle narguait son mari car elle savait que quelqu’un allait intervenir. Elle criait dans l’escalier pour alerter les voisins. Lui, il n’était là que les week-ends. Il ne voyait pas tout. Il avait un copain qui habitait au-dessus .Il lui disait qu’il avait à nouveau entendu crier chez lui dans la semaine…" Ils sont ensemble à cause des gosses … Il frappe avec ce qui lui tombe sous la main…. Les gamins pleurent et tout le monde s’en fout " (comme des fugues, tout le monde s’en fout…) 

" Çà s’est terminé quand son frère s’est rebellé… Mon père se prend pour le chef, il ne mange pas avec les autres. Il mange seul dans le salon et donne des ordres …et parfois on ne sait pas pourquoi il va se mettre à être gentil…pendant 10 mn puis il va à nouveau changer…Quand çà l’arrange, je suis son fiston… Il est bizarre ce type…"

Il a été moins battu car il était protégé puisqu’il avait des éducateurs. Il pouvait se plaindre et son père avait peur de la justice. Il se plaignait déjà qu’on lui ait enlevé ses enfants.