Synthèse

Mario trace un premier schéma, vite abandonné car trop étroit à son avis, sur lequel figure son père et ses compagnes. Son deuxième arbre généalogique est une entité située au centre de la feuille. Mario utilise uniquement le crayon de papier noir.

Il débute son dessin par son père qui demeurera pendant un temps unique de sa génération avant qu’il ajoute le frère jumeau de son père.

Trois générations sont représentées : paternelle, la sienne et celle de ses neveux sur des lignes différenciées et ordonnées. Son arbre généalogique est unilinéaire paternel. Les signes conventionnels de différenciation des sexes sont utilisés.

En revanche les épouses de son père sont alignées sur une ligne générationelle dans une position inférieur au chef de famille mettant ainsi en avant une représentation polygame de la famille. les femmes de ses frères ne sont pas inscrites. Le père devient le seul à posséder les femmes. Sous l’impact culturel, se profile la transmission des places familiales, de la toute-puissance paternelle et de l’appartenance des enfants au père et non au couple. Les lignées maternelles sont forcloses.

La scène primitive est parthénogénétique associée à un procréation paternelle illimitée où le réel télescope le fantasme.

Sa fratrie est présente sous le mode de l’ambivalence fraternelle – rivalité ( Marius) et amour ( sa sœur, Pascal). La fratrie de son père ainsi que les cousinages sont évoqués mais non-représentés. Des cases vides alignées à côté de la case du père signent la présence de cette fratrie.

Mario historicise sa trajectoire et représente le présent carcéral sur la trajectoire spatiale. L’actualité de la relation transféro-contretransférentielle étaie la représentation du présent.

L’appel à des mythes culturels issus de ses origines africaines octroient un discours des origines non accessible autour de l’union parentale. Mario ne produit aucun récit anticipatoire précis. En revanche, il prépare le bac et pense un jour se marier.

Mario est un enfant des institutions. Il pose comme une évidence de débuter sa représentation graphique par sa naissance et par la maternité, puis la DDASS, le lieu où il est abandonné et celui où il est recueilli. Les institutions de placement apparaissent ensuite à l’adolescence. Sur le graphisme, ils sont représentés par des habitations sans toit, leurs noms sont inscrits sur les frontispices des bâtiments. Cela accentue le caractère public de l’édifice.

Une clinique où il a été hospitalisé adolescent n’a pas fait l’objet d’une représentation graphique.

Mario analyse le rapport qu’il a entretenu avec les institutions, rapport d’attachement ou de rejet, de demande de réparation, de liens à des substituts paternels. Il en ressort une demande de soins primaires - lui porter de l’attention - de transformation et de singularité - lui porter un autre regard : le père de famille de la famille d’accueil, construire un terrain de basket, affirmer une identité sexuelle.

Les institutions sont habitées par des groupe d’éducateurs, de jeunes. Mario lutte contre ces représentations unisexuées dont le paradigme en est la figure de la nourrice, femme seule, formant une famille d’accueil. La représentation de la complémentarité des sexes n’est pas acquise. L’environnement déficient peine à soutenir son questionnement.

L’image du double – frère jumeau du père, frère battu – évite la confrontation à l’autre différent.

L’être unique est solitaire d’où pourrait émerger la superbe du paranoïaque.