René

23 ans

3 entretiens

Médiateurs : Arbre généalogique + trajectoire spatiale.

René, d’origine antillaise, vient d’être condamné à neuf ans de prison pour vol avec arme. Il entame sa cinquième année de détention et attend son transfert vers un centre pénitentiaire nationale comme il est d’usage dans ce cas 353 .

René est le vétéran du groupe ciblé (18 –21 ans). Il déclare qu’un autre détenu a répondu à notre courrier en son nom. Il a pourtant accepté de se rendre au SMPR à l’appel du surveillant d’étage …et souhaite prolonger … par curiosité. Lucile ne peut entendre la méprise, le reçoit deux entretiens puis nous assisterons toutes les deux à la troisième rencontre. Nous avons choisi de conserver ce protocole bien que hors cadre à différents niveaux : il n’entre pas dans la fourchette d’âge envisagée, il nie son propre désir de participer à la recherche, son désir se cache derrière une manipulation d’un autre…Le protocole est entachée de cette entrée.

René présente une double position, d’intérêt et de retrait. Il vit entre–parenthèse un temps d’incarcération effaçant une à une toutes les traces d’un temps "mort", temps non choisi qui s’étire au long des journées et se réduit à une peau de chagrin d’élaboration psychique au bout de plusieurs années de détention.

René représente ces détenus hors de portée…dans le faux semblant.

Il répond le plus souvent sur un ton ironique, esquivant les réponses jusqu’à énoncer de fausses assertions. Par exemple, il déclare n’avoir été incarcéré qu’une seule fois auparavant, en qualité de mineur. En fait, il purge sa septième condamnation. Plus tard, il annonce être là pour viol puis se rétracte…Cette pointe de perversité, à l’affût d’une expression d’effroi chez son interlocutrice relève d’une identification projective, de sa propre incapacité d’insight et d’une jouissance à voir…

René questionne sur le dispositif de la recherche et sur la place de Lucile, ses études, la différence entre les psychiatres et les psychologues. Il dit alors qu’il a mal vécu la lecture des conclusions de l’expert-psychiatre durant le procès : " Il était fou…c’était un expert, moi je ne dis pas çà…Il a dit que j’étais fou, schizo, irrécupérable pour la société.."

A plusieurs reprises, Lucile lui offre la possibilité d’interrompre si la situation est trop ardue pour lui mais il semble s’arc-bouter sur une impossible mise en pensée et multiplie les entraves aux rencontres : René pratique de la musculation tous les matins et a de fréquents parloirs.

Son attitude de séduction au cours des deux premiers entretiens, s’atténue légèrement lors de la dernière rencontre. A chaque nouvelle entrevue, il oppose dans un premier temps un refus tempéré se pliant ensuite en partie aux consignes. Etait–ce l’objet d’un conflit, d’une opposition, ou un désir de se laisser porter ? Quoi qu’il en soit René persiste jusqu’à l’avant– dernière rencontre. Il s’absente du dernier rendez–vous.

Notes
353.

L’orientation vers les centres de détention s’effectue en fonction des reliquats de peine. Le reliquat de peine est ici de cinq ans. René sera orienté vers un centre de détention à recrutement national.