Salah commence par représenter ses grands-parents maternels en haut à gauche de la feuille.
Il utilise le crayon noir pour inscrire chaque membre de la famille. Plus tard, afin de répondre à la question de l’investissement affectif, il coloriera les cases en quatre couleurs, vert, bleu, marron et rouge.
Trois générations sont représentées dans la lignée paternelle et cinq dans la lignée maternel. Les générations sont inscrites sur des lignes différenciées et ordonnées. Il change de mode de représentation des fratries à partir de sa génération, en colonne et non en ligne, tout en conservant les rang de naissance.
Il utilise les signes convenus de différenciation des sexes sauf en ce qui concerne son frère et lui-même.
Toutes les unions sont représentées dans les deux lignées soit par un trait, soit par accouplement des cases.
Chaque membre de la famille est noté par son prénom sauf son père qui est nommé et inscrit suivant sa fonction par rapport à lui.
La configuration de l’arbre généalogique de Salah est diffractée, deux familles unilinéaires sont juxtaposées. Le dédoublement familiale évoque une non-accession à la complémentarité des sexes. Le clivage évite toute conflictualité et position de compromis.
La représentation de Salah évoque une famille narcissique, aucun récit culturel n’apparaît. Le projet de vie est un retour dans le giron familial afin de le préserver de toute poussée pulsionnelle.
Cette configuration en clivage se retrouve dans sa trajectoire spatiale composée de quatre cases, trois lieux repérés et un quatrième en blanc. Le groupe, l’institution représentent un danger.
"Le sujet ambigu est le partenaire parfait du psychopathe car il fonctionne par identification primaire et se charge rapidement du rôle que le psychopathe lui fait assumer ; il ne ressent pas les contradiction, il est extrêmement perméable, possède un grand mimétisme, change facilement de rôle ou d’expression de comportements" 354
L’organisation de la trajectoire spatiale de Salahprésente la particularité d’un découpage en quatre cases dont les deux premières représentent les domiciles familiaux, la troisième le travail qu’il occupait lors de son arrestation et la quatrième subsistera blanche. L’association à une institution est le lieu de travail : une boite de nuit où il exerce les fonctions de videur : "C’est mon lieu de travail.. c’est peut-être indirectement ce qui m’a entraîné ici…"
Salah lie institution et groupe : "Lorsque je sors, je ne retournerai jamais dans un groupe. Je vais là où je ne connais personne , là où il n’y a aucun risque" .
Le monde professionnel, la socialisation fait rupture avec la vie familiale qui le protégeait. Salah a choisi un rôle social de maintien de l’ordre. Sur son dessin, un bonhomme qui le représente barre l’entrée de la boite de nuit..."Je n’ai pas de rêve…"
Salah n’évoque aucun lieu imaginaire : "Je n’en ai pas. Je n’ai jamais rêvé d’aller quelque part".
1981, Bleger J, p 224.