Histoire de Sébastien

Sébastien a vécu son enfance dans une banlieue lyonnaise où se sont installés quelques militants d’extrême gauche dans les années 70.

Ses parents sont tous les deux cadres dans une grande entreprise. Son père a exercé de longues années une fonction de permanent syndical… au détriment de sa carrière. Sébastien se rappelle que les disputes de ses parents avaient deux objets : le militantisme et lui, le fils unique.

Il a en primaire quelques difficultés d’apprentissage. Après une orientation en BEP, il échoue à l’examen terminal, reprend une scolarité générale qu’il quitte en première. Il passe son service militaire au DOM-TOM dans un corps de pompiers où il est mis aux arrêts trois mois pour consommation de cannabis.

A son retour, il s’enferme dans sa chambre et en sortira pour être hospitalisé à la demande de ses parents. Le psychiatre préconise une thérapie familiale que Sébastien interrompra car dit-il "il ne supportait pas d’être le symptôme de la famille. Ses parents sont malades, surtout sa mère…"

La thérapie familiale lui permet de se présenter à l’examen d’entrée aux universités, il s’inscrit en égyptologie et échoue à plusieurs reprises à l’examen de fin de première année. Son trafic de cannabis rythme ses journées.

La demande de soin auprès de l’antenne de lute contre les toxicomanie est sous-tendue par l’espoir d’une liberté anticipée. Son père me téléphone à plusieurs reprises à la fois pour envisager l’après-libération de son fils et pour parler de son parcours glorieux de militant et d’écrivain (il vient de publier un livre philosophique). Il m’appelle à mon domicile et m’envoie l’appel à contribution pour l’édition d’un nouvel ouvrage.

A sa libération, Sébastien s’installe dans un studio, s’inscrit à l’université, se plonge dans des revues de moto et passe des heures entières devant l’écran de son ordinateur. Il n’a toujours pas de projet.

Suite à un nouvel échec en fin d’année et une impossibilité d’une nouvelle inscription universitaire Sébastien demande une formation d’agent de sécurité-incendie en entreprise qui lui sera refusée eu égard à son passé judiciaire.