La trajectoire spatiale

"J’étais pressé que la semaine passe et j’ai pensé à rien. Il faut que je fasse le mois entier (son jugement en appel approche). J’essaie de tuer ce mois. Le temps, c’est dans la tête, de le faire passer vite ou pas." Je lui propose de dessiner sa trajectoire spatiale.. Je décrits les trois lieux.

A « lieux temporaires », il associe sur les lieux de vacances" il y en a beaucoup".

« Lieux imaginaires » : "j’ai toujours pensé que j’étais allé en Angleterre et je n’y suis jamais allé…" puis à propos des consignes et du dessin, répète à plusieurs reprises, "c’est un gag…"

Taie dessine un premier immeuble en bas à gauche. "Je ne sais pas dessiner. Les immeubles en ce moment, ils tombent plus… (allusion aux événements du 11.09.01 aux USA) Un seul immeuble, je n’ai pas déménagé."

Il poursuit son dessin.

Il trace une flèche vers la droite. "Le temporaire, c’est l’internat. Il ne faudra pas que vous vous fassiez une idée par rapport au dessin… comme les psychologues, les psychiatres. .Ce que je veux faire, çà va ressembler à une prison. (Il tente de dessiner les fenêtres de l’internat, il se reprend). On dirait des prisons tout çà. (montre les deux premiers bâtiments). On va faire des balcons. çà ne fait pas cellule. Les temporaires, çà va faire trop. "

Je lui suggère de choisir les lieux de vacances qui ont été les plus importants dan sa vie.

"Les vacances, il y en a trop…en Hollande, Algérie, Espagne…Le plus important, l’Algérie…
Je me disais que je pouvais mettre juste les lieux permanents et les lieux temporaires"
Il reprend la flèche après la troisième maison.

Il poursuit ses commentaires : "J’ai vu quelques pays , j’en ai beaucoup à voir… Je n’ai pas mis les prisons entre. Ce ne sont pas des lieux d’habitation. je n’ai pas envie de penser que ce sont des lieux d’habitation., Par contre, j’ai mis toutes les années , l’internat entre car c’est quand même plus chaleureux que la prison…Je suis né en 1980… je suis né en 79. On habitait là quand je suis né. Au troisième étage. Puis de 87 à 89. La famille continuait à habiter là quand je suis parti en internat. L’internat, je mets le nom ?"

"C’est toujours à X ». (rajoute le trait au–dessus pour marquer la permanence du quartier.

"L’Algérie, c’est important, mais ce n’est que des vacances… Avant, je voyais des bandes dessinées : un homme avec son bâton sur l’épaule…qui partait…On est bon que pour subir."

Je lui demande : qui habitent les immeubles ?

"Les habitants…les gens, les voisins…A l’internat : des camarades d’école. Les deux autres immeubles, des voisins."

Y a–t-il des particularités dans chacun des lieux ?

"A chaque fois, j’habite dans des immeubles, à chaque fois çà se ressemble. J’aimerai bien voir un peu de changement. Chez moi j’étais bien parce que j’avais un petit coin à moi. C’est là où on se sent bien. Vous, çà vous ferait penser à une banlieue entre délinquance et misère. C’est là que je m’épanouis ; j’aimerais bien que ce soit ailleurs. Il paraît que l’air est plus pur ailleurs. ..Je voudrais vous parler comme çà sans que vous écriviez de personne à personne. Les banlieues, c’est comme la prison. Vous connaissez le film « Rail » ? Ils se parlent par la fenêtre entre voisins…" Au même moment de la fenêtre de la cellule-bureau que j’occupe, on entend les détenus s’interpeller.

"Les banlieues, c’est voulu…"