Trajectoire spatiale

Suite à la présentation du médiateur, Zoubir associe d’emblée sur l’école : ".Est-ce que je peux mettre l’école ?"

Il s’empare de la boite de crayons de couleur et du crayon noir. Il commence en bas de la feuille, presque au milieu, écrit « moi » à côté de son nom. Il accroche ensuite un rectangle école (écrit verticalement). Il fait tenir plusieurs rectangles les uns au-dessus des autres, tous reliés, et il écrit le lieu à l’intérieur. Un grand rectangle encadre CIPPA.

Il repart ensuite à droite, en bas, me regarde : "c’est bon madame…  Je vous explique…non ce n’est pas encore çà "..

Il ajoute une flèche et une grande bulle et écrit une adresse en rouge à l’intérieur, reproduit cela en bas de dessin, entre les deux mots « prison ».

"J’ai été viré de la 3 ème …  Plusieurs vols, vols de montre, tout çà en fait j’étais à la rue. Ensuite la Cippa, un an. j’ai été viré, des vols aussi."

A partir de cet instant, son dessin prend une place singulière dans la dialogue, il parle et continue à griffonner, crayonner, encadrer sur sa feuille.

Il trace un trait vers « rue ». "Ensuite, j’ai été en prison en 2000. Et là, j’envisage de me marier, après la prison, ensuite c’est la rue, quoi !"

Il ajoute un trait  rue  rêve  mariage  des enfants.

Qui habitaient dans la première maison ?

"C’est mon père, à l’époque où il avait acheté quoi ! » Il ajoute une case + maison de la mère.

Qui y étaient dans cette maison ? "Nous, quoi ! »

Il ajoute encore une case « décédé… »

Qui habite à V ? "Ma mère."

Il continue à tracer des traits, dans tous les sens tout en parlant. Il écrit en rouge, colorie les cases en rouge.

Il a été incarcéré deux fois : en 1999, à 18 ans, il a d’ailleurs écrit « majeurité », après le Cippa. Il avait volé une paire de baskets…en fait c’était en échange de cannabis. Il a été condamné à 6 mois, a été libéré après 4 mois et demi avec les grâces.

Sa deuxième incarcération a eu lieu en décembre 2000 pour vols, vols de sac…Il en attend le jugement.

Il persévère dans ses traits et son coloriage. Le mot prison disparaît…

Il n’a jamais travaillé… à part un peu au noir.

"J’avais un éducateur donné par le tribunal. Il est parti. Je l’ai eu avant de rentrer en prison. Après je suis allé le voir et il m’a dit : non, on ne te veut plus ". Il a noté vacances en Algérie.

La rue, rectangle relié à "c’est çà ma vie "...  Dans la rue, il n’y a rien à faire, on boit, on fume, on délire. Vous me direz « chacun sa vie". Qui habitent dans la rue ? "Des amis."

"Je suis allé une fois à l’hôpital pour une opération suite à une fracture à la main". Il nous montre sa main et sa cicatrice. "J’avais mis un coup à un mec…Je suis resté une semaine à l’hôpital." Qui s’est occupé de vous ? " Des médecins, des hommes, des femmes…"

Il voudrait vite sortir de prison, pense être condamné à 8 mois, à un an et après il sera dehors.

Il se rappelle avoir rencontré un psychologue dehors. "Avec ma mère, je suis allé voir un psy, en perf. On nous avait donné une adresse en dehors de l’école. Je l’ai vu une fois… J’en ai vu un autre. C’est lui qui m’a appelé souvent, il me cherchait partout. Je ne comprends pas leur métier au psychologue, ce qu’ils veulent que je dise. Il venait me voir dehors où je traînais. Quand je le voyais, j’essayais de m’esquiver."

"Comment c’est dehors en ce moment ? C’est bizarre dehors en ce moment"

Nous fixons la date d’un nouveau rendez-vous..