Dernière rencontre

Cet entretien sera le dernier de la recherche avec Lucile. Nous lui avions signifié. Je reverrai Zoubir dans le cadre du suivi bifocal.

Ce jour là, il semble à nouveau perdu. Il nous dit qu’il a reçu un courrier de son avocate. Il ne comprend pas le courrier, sait seulement qu’elle lui parle d’expertise judiciaire. Il ne sait pas ce que c’est qu’une expertise judiciaire… Il n’a vu personne. Je lui pose la question expertise ou aide judiciaire. C’est bien d’une expertise dont il s’agit. L’avocate lui dit qu’ainsi il aura une réduction de peine. Il n’arrive pas à joindre le service social. Puis il nous annonce qu’il ne peut pas rester car il doit voir le dentiste.

Il paraît à la fois fou et en capacité de repérer ce qui est important pour lui : cette lettre de l’avocate, bénéficier de l’aide du service social qui est en relation avec les institutions extérieures.

Je lui propose un autre rendez-vous. Il vient bien le vendredi comme prévu. Il sort la lettre de sa poche. Il dit y avoir déjà répondu. Dans cette lettre, l’avocate lui demande de lui dire s’il accepte de venir la rencontrer au parloir. Il a répondu à la lettre, trouve saugrenu de répondre à une telle question. Il répète qu’il ne sait pas qui est cet expert et qu’il ne l’a pas vu. Je lui explique que l’expert est mandaté par le juge et qu’ils sont nombreux aux prisons de Lyon. Par contre, l’avocate lui demande de répondre positivement si l’expert l’appelle. Il répète : "Je ne comprends pas qui il est".

Quelques jours plus tard, il est hospitalisé d’urgence au SMPR suite à une bagarre avec un codétenu, il y reste une semaine. Son maintien en détention reste fragile, fluctuant au gré de ses accès délirants. Le psychiatre tente de préparer sa sortie avec sa famille, très réticente et démunie pour l’accueillir.