2.1.3.1.La relation mère-enfant

Le camus (1989), dans son ouvrage, évoque le groupe de recherche du Minnesota qui, sous la direction de Sroufe (1983), a particulièrement contribué à mettre en évidence que la qualité de l’attachement à la mère pouvait prédire des comportements sociaux ultérieurs. Sroufe et ses collègues (1983) s’inscrivent dans une perspective développementale et proposent un modèle qui permet de comparer de façon longitudinale diverses étapes du développement social. Ils développent le concept de tâche développementale qui stipule que l’enfant doit nécessairement passer par des étapes au cours desquelles certaines habiletés spécifiques doivent être mises en place. Dans ce modèle, l’attachement mère-enfant serait la tâche de la première année, l’autonomie, celle de la deuxième année et la compétence sociale serait la tâche de la troisième année. Le programme de recherche de Sroufe et de ses collaborateurs utilise les catégories dans la « situation étrange » à 12 ou 18 mois et des observations ultérieures du niveau d’accès aux autres tâches développementales.

Ces quelques études ne représentent en fait qu’un très petit échantillon de l’abondante documentation qui a littéralement explosé à partir des années 70. Cependant elles montrent bien que la qualité de l’attachement mère-enfant à un an peut prédire les comportements sociaux ultérieurs de l’enfant.

S’il est vrai que la relation du bébé à sa mère constitue le passage obligé – certains diraient l’étape « transitionnelle » – entre la phase d’autisme originel et la phase d’ouverture au monde extérieur, il est tout aussi vrai que cette relation reste trop charnelle, trop symbiotique, trop fusionnelle pour permettre, à elle seule, de faire accéder l’enfant aux premiers paliers de l’intégration sociale. Cette intégration exige le dépassement progressif des échanges dyadiques et l’insertion dans des groupes et des milieux qui ont comme caractéristique première d’être « extérieurs » et « supérieurs » à l’individu. A l’évidence, elle ne saurait prendre racine et commencer à se développer sans la présence agissante de sujets « non-mères », de sujets autres que la mère. Cette catégorie de « sujets non-mères » n’est ni homogène ni limitée en nombre : le père, le(s) frère(s) et la(les) sœur(s), les grands parents, la nourrice… Nous nous bornerons ici à la relation père-enfant.