2.1.3.2. La relation père-enfant

Le thème de la paternité a été abordé récemment par une pluralité de disciplines : pour rester au plus près de l’objectif de cette thèse, quatre ont été retenues : l’éthologie, l’ethnologie, l’anthropologie et la pédo-psychiatrie.

2.1.3.2.1. La perspective éthologique

Harlow (in Zazzo & al., 1974) a mentionné le « système d’affection paternel » comme l’un des cinq systèmes d’affectivités. Le cofondateur de la théorie de l’attachement faisait remarquer, d’une part, que « le singe mâle assume son rôle de protecteur du groupe contre les prédateurs et protège au sein du groupe les petits singes sans que l’âge ou le sexe entrent en ligne de compte » ; d’autre part, « que les enfants singes ont avec les adultes mâles des liens sociaux presque aussi forts qu’avec les adultes femelles en dépit du fait que les femelles leur manifestent beaucoup plus d’affection que les mâles ».

Plus récemment, avec Bejiin (1984), on relève des comportements de « paternage » à plusieurs niveaux de l’échelle zoologique, par exemple chez le poisson bijou, le chien sauvage et aussi les primates non humains. Il résume les données récentes relatives à la question des soins paternels chez les primates non humains : « Si les mâles participent à la protection collective ou individuelle des petits mais beaucoup moins souvent à leur alimentation et à leur toilettage, ils peuvent cependant se charger de ces dernières activités quand les mères sont absentes ou occupées (par les soins aux nouveau-nés notamment)… Les pères ne tiennent pas et ne touchent pas leurs petits de la même manière que les mères : les primatologues ont, en particulier, remarqué que le contact ventral, très fréquent entre une mère et son nouveau-né, est rare entre un père et son petit. Une grande partie des interactions entre le père et sa progéniture prend la forme de jeux alors que, curieusement, les mères jouent relativement peu avec leurs petits. Les pères s’intéressent plus à leurs « fils » (les suivant du regard, jouant avec eux, etc.) alors que les mères interagissent plus avec leurs « filles ».

On retiendra cet ensemble de conclusions sur la contribution du paternage au développement du petit car on les rapprochera de ce qui se produit dans l’espèce humaine.