2.1.3.2.4. Perspective pédo-psychiatrique

Dans les manuels de pédo-psychiatrie et de puériculture, jusqu’en 1975, on ne traitait du père que sur un mode mineur, comme s’il n’avait que peu d’importance au cours des premières années de la vie de l’enfant. Désormais des auteurs phares comme Brazelton (1983), Stern (1985), Yogman (1981)… en font grand cas.

Les travaux en pédo-psychiatrie et la psychanalyse ont traversé depuis les années 80 une période de remise en question. Trois mouvements défendent chacun leurs idées :

Faut-il aller, pour boucler la boucle, jusqu’à évoquer un « attachement » père-enfant bidirectionnel ? Pas au sens que Bowlby et Ainsworth donnaient à ce mot mais la réponse est positive si l’on conçoit que l’enfant « imaginaire », le fœtus imaginé et ressenti, le bébé du dialogue postnatal peuvent être pour le père l’objet d’un investissement d’ordre émotionnel. De plus, le changement de statut du père qui sera à la fois mari, amant et père (géniteur) apporte une autre dimension qu’il serait intéressant d’aborder. Clerk (1980) parle d’attachement au couple. Pour lui, c’est à l’intérieur du couple que le père prend habituellement une place. Au cours des deux ou trois premiers mois, phase d’hédonisme pur, ce qui compte c’est la satisfaction des besoins vitaux. Dès 3 mois, succède une phase de « lien personnalisé » ; les signaux s’organisent et « la maturation perceptuelle et cognitive donne à la personne qui satisfait les besoins un statut particulier ». L’apparition du langage vers 18 mois inaugure la phase du « lien symbolique » : l’autre devient la base sécuritaire qui permet les absences et les séparations. Vers 6 ou 7 ans, l’autre en vient à être « connu autant que reconnu, à exister sous forme d’images et, éventuellement, sous forme d’idées ou de concepts ». Le lien pourra s’étendre plus tard « à des groupes, des institutions, des idéologies ». Selon cette psychothérapeute, le couple parental permet « la transformation de l’attachement d’un registre hédoniste et égocentrique à un registre altruiste »…, « il aide l’enfant à faire le deuil de ses parents en tant qu’individus ».

Nous venons d’aborder la théorie de l’attachement, ses fondements théoriques ainsi que son importance sur le plan du comportement social du point de vue de la relation mère-enfant et de la relation père-enfant. Nous allons maintenant nous focaliser sur l’interaction parents-enfant. Qu’est-ce que l’interaction ? Y a-t-il des niveaux d’interactions ? Quels sont les principes essentiels de l’interaction ? L’interaction a-t-elle une large influence sur le développement cognitif de l’enfant ? Y a-t-il ou non des différences entre les interactions maternelles et les interactions paternelles ?