2.2.3.2. La symétrie

La symétrie entre l’adulte et le bébé dans une interaction n’est, bien entendu, pas pareille que l’équivalence. Non seulement le bébé n’est plus dépendant, mais il est davantage susceptible d’être façonné par un adulte. Dans l’interaction, c’est toujours l’adulte qui tend à initier la communication, tout comme à choisir le mode dans lequel la communication aura lieu. La symétrie dans l’interaction signifie que les capacités d’attention du bébé, son style, ses préférences pour la réception des signaux perçus et pour les réponses influencent l’interaction. Dans un dialogue symétrique, le parent respecte les seuils de l’enfant. Ainsi, chaque membre est impliqué pour parvenir à la synchronie et la maintenir.

La mère devient le miroir de son enfant et c’est par imitation que l’enfant participe au système de communication. Ainsi, présente dès la naissance, même chez des prématurés de trente semaines d’âge gestionnel, l’imitation néonatale a d’abord été rapportée par Zazzo (1962) puis mise en évidence systématiquement par d’autres chercheurs, remettant en cause les études de Piaget sur l’apparition de l’imitation. Pour Piaget (1945) en effet, l’imitation néonatale n’existe pas, tout juste peut-on parler de « préparations réflexes de l’imitation ». Longtemps controversée sur cette base, la découverte fait actuellement consensus et est expliquée comme relevant d’une capacité innée d’analyse amodale ou supramodale constituant un système d’équivalences entre canaux sensoriels. Les travaux les plus récents montrent un caractère sélectif et son rôle fonctionnel précoce, puisque l’imitation néonatale est un prédicteur d’interaction en face à face trois mois plus tard.

Très vite, l’aspect complémentaire de cette capacité à imiter se manifeste : il s’agit de la sensibilité au fait d’être imité. Dès trois semaines après la naissance, imiter le bébé a pour effet d’obtenir le contact œil à œil. Ainsi se bâtit le système de communication « imiter/être imité », dont l’importance croît durant la première année et le premier semestre de la seconde année dans les interactions avec la mère (ou le père). C’est un système simple, primaire, fondé sur la synchronisation des gestes relatifs à un objet et sur l’identité des séquences gestuelles. Il suscite généralement le partage émotionnel positif. C’est aussi un système puissant important dans la construction de formats d’interactions, mais transitoire : il décroît après 3 ans et disparaît vers 4 ans (Nadel, 1986).