2.2.3.4. L’autonomie et la flexibilité

La reconnaissance par le bébé de ses capacités de contrôle le mène à l’autonomie. Ainsi, lorsque est arrivé le moment où la mère ou le père peuvent laisser le bébé être le leader ou celui qui donne le signal, lorsque l’adulte peut reconnaître et encourager chez le bébé la recherche indépendante des signaux et des jeux sociaux et environnementaux ainsi que la réponse à ces signaux - imitation des adultes, préhension et jeu avec les objets -, on a atteint une frontière vitale. L’enfant voit son sens de compétence et de contrôle volontaire sur son environnement se renforcer. A mesure que la synchronie, l’entraînement et les réponses contingentes des parents renforcent différentes capacités, le bébé en vient à réaliser qu’il peut contrôler les interactions. Ainsi, vers l’âge de cinq mois, beaucoup de bébés se mettent à dominer le comportement de leur mère par leur capacité à démarrer l’interaction et à s’en détourner. Ils commencent par tester la situation et leur aptitude à dominer le public dont ils ont capté l’attention (Brazelton & Yogman, 1986).

La réponse de la mère est également prévisible. Cette notion de prévisibilité est importante car, dans l’échange, elle permet l’anticipation. Elle redouble d’efforts pour faire revenir le bébé à l’interaction. Ainsi, l’autonomie se développe à partir de l’assurance d’obtenir des réponses prévisibles de la part du parent.

Le comportement autonome de la part d’un bébé est un signe de santé dans les relations et l’absence de ce comportement, symbiose ou fusion apparente, est un signe que l’attachement est compromis. Aussi, une mère d’enfant difficile ou perturbé a besoin qu’on l’aide pour encourager l’autonomie.

Mais il y a une autre caractéristique de l’interaction précoce saine contenue dans le concept d’autonomie : c’est la flexibilité. Un dialogue qui est trop prévisible, des réponses qui sont trop étroitement associées, donnent à penser que la relation est d’une certaine façon bloquée. Dans les systèmes stables mais flexibles, des perturbations dans un des systèmes impliqués n’auront pas d’effet grave sur la stabilité globale, comme l’a fait remarquer Sander (1977). Cependant, quand un des systèmes est inflexible, une perturbation a tendance à déranger la stabilité globale. Des conditions si étroitement surcontrôlées mèneraient éventuellement à une relation excessivement symbiotique entre mère et père, relation dans laquelle le travail d’autonomie et de détachement ne pourrait se développer à une allure saine.