2.4. L’enfant déficient visuel

Avant d’aborder le thème de la déficience visuelle, il s’agit tout d’abord d’étudier le développement de la vision normale chez l’enfant pour ensuite montrer ce qui est différent chez l’enfant déficitaire (ceci n’est en aucun cas un traité d’ophtalmologie). Nous insisterons surtout sur la vision fonctionnelle.

2.4.1. Le développement de la fonction visuelle chez l’enfant

Dans son ouvrage, Vital-Durand (1995) aborde le développement de la vision fonctionnelle chez l’enfant. Celui-ci voit dès la naissance. Il perçoit un objet bien contrasté à partir d’une dimension de 1 cm de large, à une distance de 50 cm. Il naît bien équipé pour voir. Tous les éléments de l’appareil visuel sont présents mais aucun n’est terminé. Le système fonctionne sommairement. Il lui manque la taille, le raffinement et surtout l’expérience.

Au niveau de l’œil : le globe oculaire est encore petit mais toutes les cellules de la rétine sont formées et les voies visuelles du cerveau sont établies. Elles sont encore immatures et les signaux y circulent lentement. Le développement est en pleine activité. Les cônes de la rétine, éparpillés autour de la fovéa s’allongent et se serrent les uns contre les autres pour permettre une vision fine. Ce processus s’étend sur au moins quatre ans. L’écartement entre les cônes suffit à lui seul pour expliquer la faible acuité du nourrisson car les milieux optiques sont déjà parfaitement clairs. Le cristallin n’est pas encore contrôlé par le muscle qui va bientôt lui permettre de mettre l’image au point sur la rétine. L’iris n’est pas pigmenté non plus et ne joue pas son double rôle de diaphragme pour limiter la quantité de lumière qui pénètre dans l’œil et rendre l’image plus nette. Il manque également le pigment du fond de l’œil qui renvoie le maximum de lumière sur la rétine en jouant le rôle d’un miroir. Mais chacun de ces éléments ne dégrade guère l’image chez le bébé. Sa vision est seulement limitée par la distance qui sépare les cônes les uns des autres. L’image perçue chez le nourrisson est donc peu détaillée.

Du côté du cerveau, les neurones s’organisent. Beaucoup de cellules produites en surnombre pendant la vie embryonnaire s’éliminent. La plupart meurent avant même la naissance, quelques-unes après. Ce phénomène frappe surtout les cellules qui ne sont pas intégrées dans un circuit fonctionnel. La place se dégage ainsi pour les cellules qui remplissent une fonction. Les fibres nerveuses s’entourent peu à peu d’une gaine de myéline, une substance isolante qui accélère la transmission des signaux. Cette gaine s’épaissit pendant plusieurs années. Enfin, les connexions entre les cellules se remanient et deviennent de plus en plus efficaces au fur et à mesure des exercices visuels que l’enfant pratique.

Nous allons maintenant détailler les grandes étapes de ce développement visuel aux différents âges.