2.4.1.3. Autres paramètres à prendre en compte dans la vision

Dans son article, Zanlonghi (1999) aborde les autres paramètres pris en compte dans la vision :

Le champ visuel est l’étendue de la zone qui peut être vue par les yeux. Chez l’adulte normal dont les yeux sont ouverts, le champ visuel présente la forme d’un ovale dont le grand axe horizontal s’étend sur 180°. Dans la zone centrale qui correspond à la fovéa, l’acuité et la sensibilité aux couleurs sont très élevées. Dans la périphérie, les objets doivent présenter une dimension suffisante pour être perçus, mais le moindre mouvement est détecté avec une précision presque aussi bonne que dans la zone centrale et les couleurs ne sont plus perçues.

Le champ visuel du nourrisson a été mesuré en observant les saccades oculaires déclenchées par des cibles présentées à partir de la périphérie. Le champ visuel du nourrisson de 2 mois est très restreint mais son développement, très rapide, est presque achevé à la fin de la première année (Mohn & Van Hof-Van Duin, 1986).

On ne connaît pas de défaut du champ visuel sans lésion d’une partie du système visuel. Mais la zone atteinte du champ visuel permet de déterminer très précisément la localisation de la lésion, au point qu’un Japonais du début du siècle a pu établir une cartographie très précise de la représentation du champ visuel sur le cerveau en étudiant la zone aveugle chez une série de blessés de la guerre russo-japonaise. Chez le nourrisson, l’examen est trop imprécis pour aller au-delà d’un diagnostic des défauts importants du champ visuel. Mais quand un enfant présente un défaut du champ visuel, il développe spontanément une compensation en tournant davantage la tête, de sorte qu’il ne subit qu’une gêne légère.

L’accommodation est une fonction qui permet de mettre au point l’image sur la rétine. Chez le bébé, la faculté de mettre l’image au point quelle que soit sa distance est incomplète pendant les deux premiers mois. Elle devient alors stable et performante et atteint ses caractéristiques adultes vers l'âge de 3 ans. En effet, avant cet âge, le faible pouvoir de résolution de la rétine dont les cellules sont encore assez distantes les unes des autres, n’est pas affecté par le défaut d’accommodation. De plus, deux éléments limitent l’intérêt de l’enfant pour un objet à distance : le volume et le fait qu’il ne s’intéresse qu’aux objets susceptibles d’être manipulés, appartenant à son espace haptique (Streri, 1991).

La sensibilité au mouvement est la capacité de détecter le mouvement d’une cible dans n’importe quel point du champ visuel. Le bébé, dès les premiers jours, est sensible au mouvement de larges stimuli qui se rapprochent ou s’éloignent (le flux visuel). Le clignement à la menace en témoigne. Il ne s’agit pas encore de la stéréoscopie qui apparaît assez soudainement au 4ème mois et s’affine très rapidement pour atteindre son stade adulte vers l’âge de 18 mois. Dans certains cas de basse vision, l’œil développe un mouvement incessant qui a probablement pour but de faciliter la détection en augmentant la quantité de mouvement par un balayage continu de la scène visuelle. Ce mouvement de va-et-vient, ou nystagmus, diminue quand l’acuité augmente, que ce soit naturellement ou par le truchement d’une lunette qui corrige le défaut optique de l’œil.

Les mouvements oculaires sont les plus nombreux de tous les mouvements du corps. L’adulte en exécute de 50 à 100 000 par jour sans éprouver de fatigue particulière. Pour ce faire, nous disposons de trois types de mouvements oculaires : les saccades ou mouvements rapides, les mouvements de poursuite et les mouvements de stabilisation aussi appelés nystagmus. Les mouvements oculaires du nourrisson sont lents et imprécis. L’accélération et la précision des mouvements oculaires s’améliorent très rapidement au cours des quatre premiers mois. A cet âge, les saccades acquièrent une accélération et une amplitude comparables à celles de l’adulte. A peu près au même moment apparaissent les mouvements de poursuite en réponse à un stimulus assez lent. Auparavant, on voit les yeux exécuter des séries de saccades pour rattraper l’objet en déplacement. A cet âge aussi, les mouvements de stabilisation sont tous présents même s’ils n’ont pas encore tout à fait atteint leur rapidité adulte.

Ces mouvements sont donc très en avance sur tous les autres mouvements du corps puisqu’à cet âge, l’enfant commence tout juste à attraper les objets en guidant péniblement sa main. Ainsi, un défaut de la motricité oculaire peut être révélateur d’une perturbation neurologique.

La sensibilité au contraste est la propriété de distinguer les nuances de gris. En complément de l’étude de l’acuité, on évoque le développement de la sensibilité au contraste. Ainsi, chez le bébé, la sensibilité aux faibles contrastes est médiocre jusque vers la fin de la première année. Elle s’améliore rapidement et devient adulte vers l’âge de 11-13 ans.

La sensibilité aux couleurs est explorée par la technique des potentiels évoqués et par la technique du regard préférentiel. Dans la technique de potentiels évoqués, on peut savoir si l’enfant perçoit les couleurs en analysant les réponses de son cerveau à des surfaces colorées. Dans la technique du regard préférentiel, les études ont montré qu’à 6 mois, l’enfant discrimine des couleurs très pâles. L’anomalie plus ou moins complète de la perception des couleurs est assez fréquente. Ce défaut est en général d’origine génétique et ne peut pas être soigné mais lorsque la vision est défectueuse, il devient très utile de rechercher un défaut de vision des couleurs car la rééducation doit en tenir compte.

Après avoir parcouru les grandes étapes du développement de la vision et la façon de les mesurer, nous allons aborder les pathologies de la vision.