2.4.2.1. L’évaluation de la vision chez son enfant

Si l’on admet l’importance de la perception visuelle et l’impact de la vision déficiente sur l’enfant dans son intégralité, l’intérêt de la stimulation visuelle pratiquée dans un but précis devient alors évident. Mais celle-ci ne peut être menée à bien efficacement sans un bilan visuel préalable. Son établissement nécessite l’interprétation des informations recueillies par les spécialistes des soins oculaires ainsi que par les parents et les autres personnes à même d’observer l’enfant, de le soumettre à certaines expériences et de mesurer sa vision. L’ophtalmologue est en mesure de fournir des données techniques d’une très grande utilité. Cependant il peut être difficile d’examiner un enfant en âge préscolaire. Le jeune âge, l’environnement clinique mal connu, ainsi que l’atmosphère souvent tendue qui prévaut dans ces circonstances, pourront influencer les résultats des examens. C’est pourquoi il ne faut pas négliger la valeur des observations faites par les parents. Les parents sont quotidiennement en compagnie de leur enfant et peuvent remarquer ses réactions souvent uniques, susceptibles d’apporter la preuve d’une réception visuelle. Les autres personnes à même d’obtenir la confiance de l’enfant et de l’observer dans son environnement habituel peuvent également identifier son degré de perception visuelle.

Un enfant peut prouver qu’il voit de deux façons différentes. Il peut soit répondre verbalement, soit faire un mouvement. Malheureusement beaucoup d’enfants en âge préscolaire n’ont pas encore acquis ces capacités.

La solution pour découvrir les meilleures méthodes d’observation directe d’un enfant consiste à créer des occasions de le faire réagir en se plaçant dans son champ visuel. Toute chose évoquant une réaction susceptible de fournir une information sur la manière de procéder à une stimulation dans un but précis est importante. Les observations devront si possible être faites en gardant à l’esprit les différents aspects du fonctionnement visuel. Par exemple :

• L’acuité visuelle, de près et de loin : Est-ce qu’il joue avec ses jouets de très près ? Est-ce qu’il cherche son biberon de l’autre côté de la pièce ? Appelle-t-il l’étranger « maman » ? A quelle distance tient-il un objet pour l’examiner ? Est-il dépendant d’informations tactiles lorsqu’il observe un jouet ?
• Limitation du champ visuel : Si l’enfant est en train de ramasser des pommes chips éparpillées sur le sol pour les mettre dans une boîte, est-ce qu’immanquablement il ne ramasse pas les chips dans une certaine zone ? Y a-t-il une certaine zone où la présentation d’objets ne produira aucune réaction de la part de l’enfant ? A quel angle par rapport à ses yeux ? Tient-il les objets ?
• Réaction à la lumière : Filtre-t-il la lumière au travers de ses doigts qui bougent ? Est-ce qu’il fixe la lumière plus que de raison ? Est-ce qu’il tient sa tête de façon à faire de l’ombre à ses yeux ? Est-ce qu’il louche beaucoup ?
• Capacité à suivre du regard : Est-ce qu’il fixe un objet en mouvement et le suit des yeux ? Peut-il traverser l’axe visuel ? Peut-il suivre des yeux un objet vers le haut, le bas et autour de lui ? Peut-il suivre un ballon qui roule vers lui ?
• Perception des couleurs : montre-t-il des préférences pour certaines couleurs ? Est-il capable d’assortir les couleurs ?
• Perception du relief : est-ce que l’enfant enjambe les zones d’ombre ? Est-ce que, régulièrement, il ne parvient pas à atteindre un objet, soit parce qu’il avance la main trop loin ou pas assez ? Hésite-t-il devant des marches et toute modification de la surface du sol (plancher, carreau, tapis, carpette, herbe…) lorsqu’il se trouve dans un environnement inconnu ?

En d’autres termes, que pouvons-nous apprendre de l’enfant sur ses problèmes visuels ? Quels sont les messages qu’il nous transmet ?