3.1.2. Hypothèses

Dans cette étude, nous étudions particulièrement l’incidence de déficience visuelle dans des interactions mère-enfants handicapés visuels. D’autres enfants « standards » et « déficients visuels avec un handicap associé » font aussi partie de l’étude. Une personne extérieure à la famille suit le même protocole que la mère et pour les trois enfants déficients visuels, le père aussi suit la même démarche.

Nous testons plusieurs hypothèses selon lesquelles, sans le support visuel :

  • Les interactions vont être modifiées autant sur l’axe diachronique que synchronique. Nous faisons l’hypothèse que la mère, durant les séquences d’échange, initiera plus souvent l’interaction par rapport à l’enfant. Elle prendra la direction de la communication et ceci proportionnellement à l’importance du handicap de son enfant. Ainsi, avec l’enfant « déficient visuel avec un handicap associé », la mère sera la plus directive et dynamique pour « combler » le déficit de l’enfant.
  • Le changement de contexte influe sur les interactions, en particulier lorsqu’un des partenaires est déficient visuel. Les contextes se modifient lors de la passation du protocole. Quatre phases se suivent (dans la première phase, l’adulte joue avec l’enfant ; dans la seconde, les échanges sont plus actifs ; dans la troisième, l’adulte reste impassible et la quatrième reprend la phase « une »).
    Ainsi, nous faisons l’hypothèse que le changement de contexte perturbera d’autant plus les interactions que les enfants sont handicapés.
  • Les interactions vont être étayées sur d’autres modalités sensorielles. Les auteurs de la théorie de la vicariance (Reuchlin, 1978 ; Olman, 1990) montrent que l’individu placé dans une situation donnée aurait à sa disposition un nombre important de possibilités pour arriver au but qu’il s’est fixé. Il disposerait de plusieurs processus vicariants pour s’adapter à la situation dans laquelle il se trouve, mais certains de ces processus seraient, chez un sujet donné, plus facilement évocables.
    Ainsi, nous faisons l’hypothèse que les interactions adultes-enfants « déficients visuels » seront étayées particulièrement sur les modalités verbale, tactile et kinesthésique.
  • La communication dans le système peut être différente selon les différents enfants avec leurs partenaires. D’après le modèle systémique développé par Von Bertalanffy, les acteurs de l’interactions peuvent être modélisés sous la forme de deux sous-systèmes, eux-mêmes faisant partie d’un système plus grand. Ces deux sous-systèmes en interaction communiquent grâce à un ensemble d’éléments (les différentes formes de communication verbale et non verbales). Ainsi, la communication pourra se situer hors système ou dans le système. Dans le système, cette communication sera soit centrée sur l’autre (exo-centrée), soit centrée sur soi-même (auto-centrée).
    Nous faisons l’hypothèse que moins le handicap est important, plus la communication est exo-centrée et le sujet tient plus compte de son partenaire, et inversement, plus l’enfant est handicapé, plus cette communication a une tendance auto-centrée.
  • Les fonctions de la communication seront différentes selon le statut du partenaire.
    Nous faisons l’hypothèse que la fonction phatique sera plus particulièrement modifiée chez la mère, par rapport au père et à la personne extérieure à la famille, tous les enfants confondus.