3.2.4. Méthodologie statistique

Les neuf enfants et leur mères (et pour les enfants déficients visuels sans handicap associé, leurs pères) ont été classés en trois groupes (« standards », « déficients visuels » et déficients visuels avec un handicap associé ») et dans chaque groupe, du plus jeune au plus âgé. Cette recherche est une étude de cas où nous souhaitons mettre en exergue des étiquettes cliniques. Elle porte sur la dynamique des interactions

Qu’est-ce que la dynamique des interactions ?

Ce sont les comportements de l’un des acteurs entraînant une réponse chez l’autre acteur. Si l’on décompose cette dynamique, c’est le début d’un comportement de l’un des acteurs qui entraîne le début d’un comportement chez l’autre acteur.

Grâce au logiciel DynamicInterCoder, conceptualisé et développé spécialement pour cette recherche, il est possible d’analyser la dynamique des interactions suivant des seuils choisis (de 0,5 secondes à 20 secondes).

Dans des études antérieures, les interactions ont été analysées à des intervalles variant de une seconde (Symonds & Moran, 1994) à 15 secondes (Tarabulsy, Tessier, Gagnon & Piché, 1996). Smith et Pederson (1988) optent pour un seuil de trois secondes lorsque l’enfant est âgé de un an. Compte tenu de la moyenne d’âge des enfants dans notre rechercheet le handicap de certains, nos données sont analysées ici à trois secondes.

De plus, nous avons construit des histogrammes (qui s’affichent sur l’écran d’ordinateur à la demande) montrant la dynamique des comportements. Ceux-ci indiquent réellement l’événement dynamique intervenant dans les 3 secondes. Ainsi, dans la figure 7, nous observons que, dans l’interaction « émetteur-récepteur », l’adulte parle à l’enfant (AVE/PTU) et l’enfant lui répond (EOR/OTU) dans ce seuil des 3 secondes.

Figure 7 : histogrammes sur la dynamique des interactions
Figure 7 : histogrammes sur la dynamique des interactions

Ainsi, les données (dynamique des événements intervenant dans les 3 secondes) ont été recueillies lors de trois phases de protocoles. La phase 3 du protocole, où seuls les enfants sont analysés car les adultes restent « le visage impassible », ne constitue pas une phase d’interactions. Mais les comportements des enfant seront étudiés dans la suite de la recherche. L’ensemble des événements et des interactions est rassemblé dans les 42 tableaux qui détaillent chacune des phases du protocole, soit 168 tables d’interactions (annexes 6.1). Par rapport au système de communication « émetteur-récepteur», les données sont analysées du côté du récepteur, c’est-à-dire celui qui réagit au comportement et elles ont été soumises à différentes analyses statistiques (logiciel Stateview). La dynamique « émetteur-récepteur » sera ensuite analysée plus en détail et nous étudierons quels comportements de l’émetteur entraînent la réaction du récepteur (autant du côté de l’enfant que de l’adulte).

Le plan expérimental choisi pour cette recherche est le plan SxA (plan à répétitions à deux sources de variations où les sujets sont l’une de ces sources de variations). Ce plan se justifie par notre effectif réduit de sujets et par notre intérêt pour la mise en évidence de différences individuelles dans nos études de cas.

Les variables indépendantes ou expérimentales sont les situations dans lesquelles sont placés nos sujets (enfants et adultes) et les variables dépendantes sont les comportements mesurés lors de ces situations. Ce sont les données correspondant aux réactions des enfants face aux différents adultes et aux réactions des adultes face aux enfants qui sont évaluées :

  • globalement
  • à travers les 3 phases d’interactions du protocole (phase 1, phase 2, phase 4)
  • dans la phase 3 du protocole où l’adulte reste le visage impassible (« still face »), seuls les comportements des enfants sont analysés
  • selon les différents modes de communication
  • selon la communication hors ou intra-système

Une dernière partie de notre étude concerne la dynamique « émetteur-récepteur ». Nous ne nous situons plus seulement au niveau du récepteur mais nous étudions des schémas de communication entre les enfants et les adultes.

Des analyses inférentielles permettront de déterminer si les interactions adulte-enfant et enfant-adulte diffèrent significativement que ce soit par rapport à la totalité de l’interaction ou bien suivant les différentes phases du protocole ou encore par rapport aux différents modes de communication (verbaux ou non verbaux) et enfin par rapport aux situations hors, intra ou inter système.

Pour cela nous utiliserons l’analyse de variance et de covariance (ANOVA et ANCOVA) pour étudier les effets simples et les effets d’interactions et des tests non paramétriques (Kruskal-Wallis ; Wilcoxon pour les séries appariées) car notre population est petite. Pour les analyses statistiques, le seuil de probabilité d’erreur de type 1,  est fixé à .05 mais également à  .10 afin de déterminer les effets tendanciels.

En résumé…..

Les objectifs principaux de notre contribution empirique sont :
- Vérifier nos hypothèses (page 96).
- Apprécier la dynamique de l’interaction, c’est-à-dire les comportements de l’un des acteurs entraînant une réponse chez l’autre acteur suivant un seuil de 3 secondes.
- Comparer la dynamique des interactions adulte-enfant ou enfant-adulte lorsque l’enfant est soit « standard », soit « handicapé visuel », soit « handicapé visuel avec un handicap associé ».
- Avec les enfants, apprécier s’ils réagissent de la même façon que ce soit avec leur mère, la personne extérieure à la famille ou, pour certains d’entre eux, avec leur père (trois enfants handicapés visuels sans handicap associé).
- Parmi des adultes différents (mère, père, personne extérieure à la famille), voir s’il existe des similitudes ou des différences lors des interactions avec les enfants.
- Observer les familles (adulte-enfant et enfant-adulte) dans des contextes différents (phases de protocole).
- Parmi des modes de communication différents (verbal/oral, kinesthésie, regard, toucher), étudier les similitudes ou les différences par rapport aux différents acteurs.
- Si l’on aborde la communication comme un système, observer si les acteurs sont hors système ou bien dans le système.
- Toujours par rapport au système de communication, si les acteurs sont dans le système, observer s’ils sont plutôt dirigés vers l’autre (exo-centrés) ou vers eux-même (auto-centrés).
- Dans la phase 3 du protocole, où les adultes restent « le visage impassible », analyser les comportements des enfants.
- Pour une analyse plus détaillée de la dynamique de l’interaction, étudier quels modes de communication de l’émetteur entraînent la réaction du récepteur dans les trois secondes et ainsi mettre en évidence des schémas de communication.