3.4.5.1. Première hypothèse

Notre première hypothèse correspond au changement de contexte qui perturberait plus les enfants dont le handicap est plus lourd.

Lorsque nous comparons les réactions des enfants face aux adultes, nous observons que l’enfant réagit plus face à sa mère. Dans le groupe d’enfants « déficients visuels », nous observons le même phénomène. Le père se situe en deuxième position et la personne extérieure en dernier.

Pour les effets simples du sexe, de l’âge et du handicap, seuls les effets « sexe » et « handicap » montrent une différence. Ainsi, face à la personne extérieure, nous observons une différence de comportements entre les enfants. Les garçons auraient plus de réactions et les enfants « standards » réagiraient plus que les enfants « déficients visuels avec un handicap associé ». Les enfants « déficients visuels » prendraient la troisième position.

Pour les effets d’interaction du sexe et du handicap, du sexe et de l’âge, et du handicap et de l’âge des enfants, seuls l’effet d’interaction du sexe et du handicap ainsi que l’effet d’interaction du handicap et de l’âge des enfants montrent des différences.

Ainsi, par rapport à l’effet d’interaction sexe et handicap des enfants, nous observons une différence significative face à la personne extérieure mais pas avec la mère. Mais une analyse plus fine signale que face à la mère, le groupe d’enfants « standards » et le groupe d’enfants « déficients visuels » montrent une différence significative (il y a plus d’événements dans le groupe d’enfants « déficients visuels ») ; il en est de même avec le groupe d’enfants « déficients visuels » et le groupe d’enfants « déficients visuels avec un handicap associé » (il y a toujours plus d’événements dans le groupe d’enfants « déficients visuels »).

Face à la personne extérieure, une tendance existe entre le groupe d’enfants « standards » et le groupe d’enfants « déficients visuels » (il y a plus d’événements dans le groupe d’enfants « standards »).

L’effet d’interaction de l’âge et du handicap des enfants montre une différence significative face à la personne extérieure. Mais une analyse plus fine signale, face à la mère, une différence entre le groupe d’enfants « standards » et le groupe d’enfants « déficients visuels » (il y a plus d’événements dans le groupe d’enfants «déficients visuels ») et une différence entre le groupe d’enfants « déficients visuels » et le groupe d’enfants « déficients visuels avec un handicap associé » (il y a toujours plus d’événements dans le groupe d’enfants « déficients visuels »).

Face à la personne extérieure, une analyse plus fine signale une différence entre le groupe d’enfants « standards » et le groupe d’enfants « déficients visuels » (il y a plus d’événements dans le groupe d’enfants « standards ») et une différence entre le groupe d’enfants « déficients visuels » et le groupe d’enfants « déficients visuels avec un handicap associé » (il y a plus d’événements dans le groupe d’enfants « déficients visuels avec un handicap associé »).

Ainsi, lorsque nous considérons le nombre de comportements des groupes d’enfants face à leur mère et face à la personne extérieure, nous observons que face à leur mère, les enfants « déficients visuels » prennent la première place, les enfants « déficients visuels avec un handicap associé » la seconde et les enfants « standards » la troisième. Face à la personne extérieure, les enfants « standards » manifestent plus de comportements ; les enfants « déficients visuels avec un handicap associé » prennent le deuxième place et les enfants « déficients visuels » la troisième.

Ainsi, notre hypothèse n’est pas vérifiée : le groupe d’enfants « déficients visuels avec un handicap associé » se trouve placé en deuxième position (face aux deux adultes, mère et personne extérieure à la famille).

Ces résultats vont dans le sens des recherches qui considèrent le système cognitif humain comme un système doté d’une pluralité de processus redondants, vicariants, c’est-à-dire susceptibles d’être substitués les uns aux autres pour remplir une même fonction (Reuchlin, 1978). Ainsi, la compétition entre processus vicariants est source de variabilité intra-individuelle en fonction des contextes (phases du protocole), mais aussi de variabilité inter-individuelle en fonction des histoires individuelles.

Nos résultats se placent du côté des comportements de l’enfant face à des adultes. Ils varient en fonction des contextes ( ici dans une situation où la personne adulte reste dans la position de « still face ») et aussi en fonction des personnes (avec chacune leur histoire). Cette approche aborde un modèle pluraliste du développement (Lautrey et al., 1999).