3.4.5.3. Troisième hypothèse

Notre troisième hypothèse postule que « plus l’enfant est handicapé et plus ses comportements sont auto-centrés ».

Lorsque nous analysons les comportements de l’enfant face aux deux adultes (mère et personne extérieure), nous observons que les comportements face à la mère sont plus nombreux en hors système et dans le système (auto-centré) et que, face à la personne extérieure, ce sont les comportements dans le système (exo-centré) qui prédominent.

Dans le groupe d’enfants « déficients visuels » avec les trois pères, nous observons que face aux mères, les événements hors système et dans le système (auto-centré) sont plus nombreux ; le père et ensuite la personne extérieure suivent. En revanche, dans le système (exo-centré), les événements avec la personne extérieure sont plus nombreux ; le père puis la mère suivent.

La comparaison inter-groupes des comportements des enfants face aux trois adultes ne laisse paraître qu’une différence entre la mère et la personne extérieure en hors système.

Les effets simples du sexe, de l’âge ne sont pas marqués et seule une tendance existe lorsque nous abordons l’effet du handicap des enfants face à la mère dans le système (exo-centré).

L’effet d’interaction de l’âge et du handicap des enfants montre que :

Face à la personne extérieure, il n’existe pas de différences significatives entre les groupes mais nous observons que :

L’effet d’interaction de l’âge et du sexe des enfants montre des tendances dans le système. Ainsi, face à la mère, la tendance existe en auto-centré et face à la personne extérieure la tendance existe en exo-centré.

L’effet d’interaction du sexe et de l’âge des enfants montre une différence face à la mère. Ainsi, dans le système (auto-centré) existe une différence entre les enfants « standards » et les enfants « déficients visuels » (il y a plus d’événements dans le groupe d’enfants « déficients visuels ») et existe aussi une différence entre les enfants « déficients visuels » et les enfants « déficients visuels avec un handicap associé » (il y a plus d’événements dans le groupe d’enfants « déficients visuels »).

Dans le système (exo-centré) existe une différence entre les enfants « standards » et les enfants « déficients visuels avec un handicap associé » (il y a plus d’événements dans le groupe d’enfants « déficients visuels avec un handicap associé »).

Hors système existe une tendance entre les enfants « standards » et les enfants « déficients visuels avec un handicap associé » (il y a plus d’événements dans le groupe d’enfants « déficients visuels avec un handicap associé »).

Face à la personne extérieure aucune différence n’a été montrée.

Ces résultats appuient aussi les recherches portant sur un modèle pluraliste de développement.

Notre hypothèse postulant que « plus le handicap de l’enfant est important et plus la communication est auto-centrée » ne se vérifie à aucun moment.

Mais nos résultats vont dans le sens des recherches de Cohn et Tronick (1983). En effet, cette situation de « still face » est particulièrement stressante et il est normal que les enfants aient plus de comportements d’autocontacts face à leur mère afin de se rassurer lorsque celle-ci quitte le système de communication. Ekman et Friesen (1969) avaient montré que ces comportements dirigés sur soi-même se retrouvaient particulièrement dans des situations émotionnelles.

Avec la personne extérieure à la famille, on retrouve plus de comportements exo-centrées qui pourraient s’expliquer par une moindre angoisse dans cette même situation.