Spécificité des corpus

Nous pouvons remarquer que les séquences encadrantes des interactions de commerce en France (épicerie et pharmacie) sont indépendantes du site lui-même. La réalisation de ces séquences ne tient pas compte de l’objet vendu. Nous rappelons la systémacité dans la réalisation des séquences d’ouverture et de clôture dans les différents commerces français que nous avons étudiés. Cette régularité dans la manifestation des séquences encadrantes est double ; d’une part part leur présence dans les interactions de commerce et d’une autre part dans leur réalisation. Les ouvertures se concrétisent par des échanges de salutations (ou salutations complémentaires échangées avec les habitués), accompagnés en général de termes d’adresse du type « madame », « monsieur ». Les clôtures sont elles aussi bien définies et elles se forment par un échangent de salutations mais aussi de remerciement et de vœux. Que se soit en pharmacie ou en Petit Casino, la réalisation des séquences encadrantes est inchangeable.

Au Liban, nous avons observé que la réalisation des séquences encadrantes, l’ouverture et la clôture peut être en lien direct avec le site dans lequel se déroule l’interaction et avec produit vendu. Nous pouvons penser que la valeur du produit prime chez le client et affecte même l’organisation de l’interaction. Nous avons observé que les séquences encadrantes au Liban sont formulées d’une manière beaucoup plus systématique en pharmacie qu’en épicerie. Nous pouvons supposer que cette importance accordée à la réalisation des séquences encadrantes dépend de l’importance du produit vendu. La pharmacie représente un lieu bien particulier dont la santé du client dépend en quelque sorte. C’est aussi un lieu où la connaissance du client par rapport au produit vendu est quasi-nulle. Nous pouvons faire l’hypothèse que la présence des séquences encadrantes marque l’importance qu’accorde le client au savoir scientifique du commerçant.

La présence des séquences encadrantes dans les commerces libanais est faible. La séquence d’ouverture ne fonctionne pas comme une sommation et une condition pour une ouverture de l’interaction entre le client et le commerçant. Par contre, c’est par la réalisation de la requête et sa prise en compte par le commerçant que le client marque sa présence.

La dimension relationnelle dans les interactions de commerce est marquée entre autres par les termes d’adresse. L’axe de proximité et de distance est définie dans les commerces en France par l’emploi des pronoms d’adresse et, est accentué par le choix des noms d’adresse qui les accompagnent. Les pronoms d’adresse marquent une première définition de la relation (+ ou - proche) et les noms d’adresse peuvent exprimer le degré de distance et de proximité qui existe entre les participants. La aussi, la formulation ainsi que la localisation des termes d’adresse est indépendante des sites commerciaux dans lesquels les participants se trouvent. Que ce soit en épicerie ou en pharmacie le paradigme des termes d’adresse employés est quasi le même et leur réalisation est pour la plupart du temps lors des séquences encadrantes de l’interaction : l’ouverture et la clôture. D’une manière générale, nous avons observé, dans les commerces français, un emploi massif du vouvoiement et des appellatifs neutres « madame », « monsieur ».

Au Liban, la dimension relationnelle qui existe entre les interactants est affichée par les noms d’adresse. Des noms d’adresse plus variés et moins neutres que ceux employés dans les commerces en France sont formulés afin de définir l’axe de la proximité et de la distance. L’emploi de termes dits ‘’familiaux’’ sont les plus fréquents dans les interactions de commerce. Ils se positionnent sur l’axe de proximité, ces termes-là dépendent entre autres, de l’âge et du sexe des participants. La distance est manifestée par l’emploi des termes religieux ou professionnels.