Concernant l’ordre d’acquisition des composantes de la compétence linguistique, les recherches en acquisition se heurtent également à des doutes. Cependant, certains points qui concernent davantage l’acquisition de la L2 que de la L1 se dégagent à partir de l’analyse du parcours d’acquisition de la plupart des apprenants de langue:
L’acquisition syntaxique se fait selon Meisel, générativiste et constructiviste, (1994, in : Matthey : 2003 : 22 ) en suivant des étapes hiérarchiques 13 . Selon lui, l’apprenant/sujet acquiert un élément l’un après l’autre : mot-phrase (ex : voiture) puis groupe verbal sans sujet (ex : cassé voiture), puis groupe verbal non-fléchi avec un spécificateur : le sujet (ex : Jean cassé voiture), puis groupe verbal fléchi (accord, temps, auxiliaire, mode) avec sujet (ex : Jean a cassé la voiture), et enfin production de phrases subordonnées (ex : Jean a cassé la voiture parce qu’il est en colère). On peut donc remarquer que le sommet suprême de l’acquisition des langues est de créer des phrases syntaxiquement élaborées. Comme l’enfant qui acquiert sa L1, l’apprenant/sujet intègre chaque élément syntaxique de la L2 l’un après l’autre, progressivement. Cependant, l’apprenant/sujet de L2 adulte aura tendance, contrairement à l’enfant qui apprend sa L1, à vouloir franchir plus vite les étapes et à développer des lacunes dans son interlangue même s’il a théoriquement atteint le sommet de la hiérarchie et ce à cause du rythme différent avec lequel se développe le lexique en L2 (Herschensohn, 2000, in : Matthey : 2003 : 23): c’est le phénomène de la flexion manquante ;
Le lexique est l’élément que les apprenants de L2 cherchent à utiliser le plus en début d’apprentissage même s’ils en manquent. Cependant, c’est la mise en œuvre de la syntaxe, plus ou moins différente dans chaque langue qui semble le plus poser problème ;
La flexion des verbes est un domaine que les apprenants ont du mal à intégrer rapidement. Ainsi ils construiront au départ des phrases du type : « je attendre le bus », ce qui indique d’autant plus que le sujet/apprenant porte davantage attention à la transmission du sens de sa production qu’à la conformité de celle-ci avec la norme. Le sens lui semble primordial. Cependant, Klein insiste sur le fait que, très vite, l’apprenant intègre des « morphes fonctionnels » comme la négation ou l’expression du temps par des adverbes par exemple, qu’il distingue des « morphes lexématiques » comme des verbes ou des substantifs ( 1989) ;
On peut également remarquer la capacité très précoce chez les apprenants de L2 de réemployer des expressions idiomatiques simples qui sont utilisées comme des blocs non divisibles et invariables. Ex : dès les premiers cours d’allemand en classe de 4ème, je pouvais dire : « das ist ….. » 14 . Donc je l’utilisais le plus souvent possible, mais ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai réalisé que le verbe fléchi « ist » pouvait être associé à d’autres pronoms personnels ou bien même changer de forme au pluriel ;
Les connaissances linguistiques prennent une place de plus en plus importante dans l’interlangue de l’apprenant qui progresse dans l’acquisition de la L2. En effet, Klein affirme qu’avec un niveau plus élevé, l’apprenant a moins besoin de s’appuyer sur les connaissances contextuelles (1989 : 86) ;
La détermination des substantifs est également un fait de langue qui n’est acquis correctement par les apprenants que très tard ;
L’anaphore et la déixis sont par contre des objets d’acquisition qui marquent un état proche du terme de l’acquisition de la langue cible (Klein : 1989).
Ce passage est également valable pour l’acquisition de la L1
Traduction de l’allemand : c’est….