1.3.2 Modalités d’acquisition de la compétence linguistique :

1.3.2.1 Un ordre d’acquisition de la compétence linguistique :

Concernant l’ordre d’acquisition des composantes de la compétence lin­guistique, les recherches en acquisition se heurtent également à des doutes. Ce­pendant, cer­tains points qui concernent davantage l’acquisition de la L2 que de la L1 se déga­gent à partir de l’analyse du parcours d’acquisition de la plupart des apprenants de langue:

L’acquisition syntaxique se fait selon Meisel, générativiste et constructi­viste, (1994, in : Matthey : 2003 : 22 ) en suivant des étapes hiérarchiques 13 . Selon lui, l’apprenant/sujet acquiert un élément l’un après l’autre : mot-phrase (ex : voiture) puis groupe verbal sans sujet (ex : cassé voiture), puis groupe verbal non-fléchi avec un spécifica­teur : le sujet (ex : Jean cassé voiture), puis groupe verbal fléchi (ac­cord, temps, auxiliaire, mode) avec sujet (ex : Jean a cassé la voiture), et enfin production de phrases subordonnées (ex : Jean a cassé la voi­ture parce qu’il est en colère). On peut donc remarquer que le sommet suprême de l’acquisition des lan­gues est de créer des phrases syntaxi­quement élaborées. Comme l’enfant qui ac­quiert sa L1, l’apprenant/sujet intègre chaque élément syntaxique de la L2 l’un après l’autre, progressivement. Cependant, l’apprenant/sujet de L2 adulte aura tendance, contrairement à l’enfant qui apprend sa L1, à vouloir franchir plus vite les étapes et à développer des lacunes dans son inter­langue même s’il a théori­quement atteint le sommet de la hié­rarchie et ce à cause du rythme différent avec lequel se développe le lexique en L2 (Herschensohn, 2000, in : Matthey : 2003 : 23): c’est le phénomène de la flexion manquante ;

Le lexique est l’élément que les apprenants de L2 cherchent à utiliser le plus en début d’apprentissage même s’ils en manquent. Cependant, c’est la mise en œuvre de la syntaxe, plus ou moins différente dans cha­que langue qui semble le plus po­ser problème ;

La flexion des verbes est un domaine que les apprenants ont du mal à in­tégrer rapidement. Ainsi ils construiront au départ des phrases du type : « je attendre le bus », ce qui indique d’autant plus que le su­jet/apprenant porte davantage atten­tion à la transmission du sens de sa production qu’à la conformité de celle-ci avec la norme. Le sens lui semble primordial. Cependant, Klein insiste sur le fait que, très vite, l’apprenant intègre des « morphes fonctionnels » comme la négation ou l’expression du temps par des adverbes par exemple, qu’il distingue des « morphes lexématiques » comme des verbes ou des substantifs ( 1989) ;

On peut également remarquer la capacité très précoce chez les appre­nants de L2 de réemployer des expressions idiomatiques simples qui sont utilisées comme des blocs non divisibles et invariables. Ex : dès les premiers cours d’allemand en classe de 4ème, je pouvais dire : « das ist ….. » 14 . Donc je l’utilisais le plus souvent possible, mais ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai réalisé que le verbe fléchi « ist » pou­vait être associé à d’autres pronoms personnels ou bien même changer de forme au pluriel ;

Les connaissances linguistiques prennent une place de plus en plus im­portante dans l’interlangue de l’apprenant qui progresse dans l’acquisition de la L2. En effet, Klein affirme qu’avec un niveau plus élevé, l’apprenant a moins besoin de s’appuyer sur les connaissances contextuelles (1989 : 86) ;

La détermination des substantifs est également un fait de langue qui n’est acquis correctement par les apprenants que très tard ;

L’anaphore et la déixis sont par contre des objets d’acquisition qui mar­quent un état proche du terme de l’acquisition de la langue cible (Klein : 1989).

Notes
13.

Ce passage est également valable pour l’acquisition de la L1

14.

Traduction de l’allemand : c’est….