La description grammaticale de la langue-cible :

En milieu naturel, l’acquisition de la grammaire se fait essentiellement par analogie (Ca­rol, Griggs et Bange : 2003 : 9) des modèles que l’enfant entend dans son entourage linguistique. Comme nous avons pu le constater, l’enseignement/apprentissage en milieu institutionnel met en œuvre des moyens différents 29 .

Tout enseignement de langue en milieu institutionnel a une part plus ou moins importante de description grammaticale de la langue-cible. Cela est égale­ment le cas pour celui qui, suivant le modèle S.D. Krashen, tend à se rapprocher des conditions naturelles d’acquisition d’une langue ainsi que ceux qui prônent les démarches implicites et inductives (ex : les exercices structuraux).
La description est une activité cognitive favorable à l’acquisition. Elle est effec­tuée entre l’enseignant et les apprenants de manière explicite ou implicite sur la langue. L’objectif de la description d’après Besse et Porquier est ‘«’ ‘ la catégorisa­tion [et la systématisation] des unités de langue [en particulier des régularités] et la mise en relation de ces catégories ’ ‘»’ (1991 : 16).
Dans un premier temps, la description intervient par la présentation de l’enseignant à l’apprenant de faits de langue observables. Il s’agit alors pour les apprenants de prendre conscience des mécanismes sélectionnés dans la langue-cible. A l’aide de cette description, l’apprenant peut mettre à profit une repré­sen­tation métalinguisti­que stable et objective conforme à la réalité de la langue-cible. De plus, il peut confirmer ou modifier les hypothèses qu’il avait émises aupara­vant et, à la suite de quelques manipulations visant la mémorisation et l’acquisition à travers des appli­cations diversifiées et authentiques, il sera capable d’engendrer des phrases correctes.
La description porte principalement sur la forme, mais il est important qu’elle soit porteuse de sens et non de confusion. C’est ce que Besse et Porquier ap­pellent la grammaire sémantique qui fait en sorte que les apprenants compren­nent la des­cription grâce à une terminologie adaptée avant de pouvoir l’appliquer.
Pour que la description soit efficace, l’enseignant doit idéalement bien connaître la langue-cible et le modèle métalinguistique qu’il veut appliquer à la description qui sera menée auprès des apprenants, voire même avoir un aperçu le plus précis pos­sible de la grammaire interne propre à chaque apprenant, ou tout du moins antici­per son stade de progression possible et l’adapter par rapport au niveau de l’apprenant. Il doit aussi s’assurer que les apprenants aient effectivement un passé métalinguistique, au moins s’ils ont déjà réfléchi sur leur propre langue maternelle afin qu’ils puissent faire appel à des concepts similaires, ce qui peut s’avérer d’une aide précieuse surtout en début d’apprentissage. La description s’intéresse non seulement à la forme mais aussi à l’emploi et, depuis l’avènement de l’approche communicative dans la didactique des langues, à la fonction en situa­tion des mots, structures, phrases ou énoncés.

Notes
29.

Voir chapitre 1.2