Les exercices

Pour commencer à définir ce concept, nous pouvons en rappeler le cadre. Pour cette question, Besse et Porquier distinguent deux groupes de pensée :

les tenants d’un enseignement proche de l’acquisition non-guidée (1991 : 119) qui considè­rent l’exercice comme un substitut d’une ex­pli­citation par la règle et le métalan­gage. Kelly 31 (385 : in : Besse et Por­quier : idem) indique à cet égard que :

‘les exercices sont une copie de l’usage qui, en un sens, rendent inutiles les grammaires, inutile l’apprentissage fastidieux de règles multiples et barba­res) ; ’

les tenants d’un enseignement rationnalisé explicite qui envisage l’exercice comme un outil qui permet de ‘«’ ‘ renforcer, par répétition, l’apprentissage des pa­radigmes d’une description ’ ‘»’ (idem).

Un exercice comporte plusieurs phases. Besse et Porquier (1991) les dé­cri­vent comme des phases d’échange plutôt magistrales entre l’enseignant et l’apprenant. L’enseignant donne un exercice sous forme de texte ou de discours aux appre­nants à partir duquel leur est imposée une tâche portant sur le langage. Cette tâche contient une difficulté qui a été isolée par rapport à son contexte énon­ciatif origi­nel. Elle est ensuite réalisée par les apprenants qui peuvent s’aider de la consi­gne et de leurs acquis antérieurs. Puis un jugement est porté sur le ré­sultat obtenu par les apprenants. Besse et Porquier insistent sur le fait que l’exercice n’est pas achevé tant que ces deux dernières étapes ne sont pas sur­montées. L’exercice est considéré comme un outil d’apprentissage qui contribue à l’acquisition qui, elle, sera achevée plus tard. Cela se justifie par le fait que l’exercice exige de la part de l’apprenant de rééxécuter environ cinq fois mini­mum la même tâche ainsi que les mécanismes cognitifs qui lui sont liés pour achever l’apprentissage. Toute­fois il ne faut pas concevoir cette répétition comme un conditionnement, comme l’imagine le behaviouriste Skinner, mais bien tel un ter­rain où le savoir interne va pouvoir se mettre en place et se construire comme avec les constructivistes. La preuve en est que le rôle de l’erreur est tout à fait positif dans ce processus et contribue à faire évoluer la construction du savoir.

Notes
31.

Kelly, L.G. (1976) : 25 centuries of language teaching. 500 BC – 1969, Rowley, Mass., Newbury House