1.3.6.2 Une activité métalinguistique de tous les instants:

Ce n’est pas seulement en cours de langue que le locuteur natif réfléchit sur sa langue, ce qu’on appelle l’activité métalinguistique. On le remarque au quo­tidien, et en particulier à l’oral, les pratiques métalinguistiques sont également cou­rantes en langue maternelle. Naturellement, elles ne prennent pas les mêmes for­mes que dans un cours de langue où elles sont structurées et orientées par des choix péda­gogiques effectués par l’enseignant.
Cette activité concerne les différents ratés de la communication, (Besse et Por­quier : 1991 : 77) qui apparaissent au moment de l’acte de parole face à au moins un interlocuteur. L’activité métalinguistique se met en place lorsque le locuteur suite à l’un de ces ratés cherche à « reformuler », « négocier », revenir en arrière sur le contenu et bien souvent aussi sur la forme de la langue dont il fait usage (idem). Ainsi ces morceaux de discussion d’un autre ordre peuvent générer des interrogations de la part du locuteur, du type : « C’est correct ?, ça se dit ? ».

A l’écrit, cette activité n’est pas apparente, mais elle a forcément précédé le pro­duit fini. Cette activité était alors assurément plus intense, car l’auteur prend, en général, grand soin à produire dans un style plus soutenu et plus soigné qu’à l’oral. En effet, une fois fixées sur le papier, les erreurs sont souvent très mal per­çues dans notre société. Cependant l’écriture cache une grande partie de la ré­flexion métalinguistique de son auteur, car cette dernière s’est faite intérieurement et ne s’est pas vue pérennisée sur un support fixe comme le papier.
Encore une fois, la compétence linguistique n’est pas une compétence que les en­seignants se sont créés eux-mêmes par un excès d’intérêt. Ici, nous avons pu ob­server que la grammaire, c’est-à-dire la connaissance de la grammaire et de ses règles, répond, au quotidien, à un réel besoin des locuteurs d’une langue de contrôler la forme de leur message avant de donner une version définitive du contenu qu’ils avaient l’intention de transmettre.