La première étape pour répondre à ces interrogations consiste à faire état des résultats obtenus par les chercheurs jusqu’à nos jours sur le multimédia et ses véritables « caractéristiques ». Nous distinguerons entre plusieurs points de vue :
Ceux qui abordent le thème des nouvelles technologies à la suite d’une rétrospective historique des pratiques didactiques. C’est le cas de Martinez , à la fin de son ouvrage paru en 1996. Il parle de « tournant du siècle » 34 à propos des TICE appliqués aux langues, mais quelques lignes plus loin, il émet quelques doutes sur la méthodologie associée aux TICE (110):
‘On ne pourra pas se contenter d’adapter des outils déjà existants [ …] de transférer sur écran des « exercices à trous faits jadis sur le papier ».’puis il ajoute plus loin :
‘L’emploi des technologies modernes dans l’apprentissage des langues [ …] appelle donc des progrès techniques, des efforts pédagogiques et un surcroît de réflexion. ’Ceux qui ont une vision générale mais empirique.
C’est le cas de Legros, Crinon et Gautellier. Ces auteurs penchent entre des produits dont on ne voit que les ‘«’
‘ discours publicitaires qui mystifient les supports ’
‘»’ (1998 : 56) et d’autres produits grands- publics dont la ‘«’
‘ pertinence n’est pas toujours évidente ’
‘»’ (1998 : 55). De plus, ces derniers recommandent vivement une ‘«’
‘ réflexion sur les contextes d’utilisation ’
‘»’(idem) et surtout d’introduction de ces outils qui remettent en cause ‘«’
‘ les habitudes traditionnelles de nos systèmes éducatifs ’
‘»’(idem).
C’est également le cas de H. W. Giessen
35
qui, en 2003, a réuni environ dix études ainsi que leurs résultats réalisées à chaque fois sur un groupe d‘apprenants témoins assistant à des cours traditionnels (cours classiques en présentiel ou magistraux) et un groupe expérimental d’apprenants (cours avec divers médias ou à distance). Avant ces expériences ayant eu lieu en 1999, les apprenants avaient une pré-estimation des médias utilisés dans le groupe expérimental (vidéo, chat, périodiques, etc.) comme étant des supports plutôt « modernes et intéressants » (2003 : 135). L’objectif de Giessen était de contrôler si ‘«’
‘ cette perception pré-expérience se ressentait dans les bilans d’apprentissage ’
‘»’ (idem). Le résultat semble généralisable :
Par rapport à cette unanimité, Giessen (136) pose la question suivante :
‘Il faut se demander si l’euphorie initiale [en faveur des nouvelles technologies] n’était pas plutôt un beau rêve.’Ceux qui s’appliquent à considérer les potentialités techniques des nouvelles technologies et en particulier des CD-roms. C’est le cas de Lancien (1998). Il rappelle l’énorme « capacité de stockage » (17) qui peut accueillir son, images numériques fixes ou mobiles, textes, liens, etc. ; la capacité de liens authentiques et vivants en systèmes ouverts avec le chat, forum, etc., la multicanalité qui doit permet aux apprenants de faire appel à toutes leurs compétences et enfin l’interactivité qui crée des liens entre des éléments isolés. Après avoir rappelé le bel avenir de tels produits grâce à « l’explosion des ventes d’ordinateurs » (35), Lancien énumère les attributs particuliers du multimédia pour les langues. Il accorde à la multicanalité une aide considérable pour la compréhension orale avec le « maillage des différents médias ». De plus, il attribue à l’hypertexte un statut de grand soutien pour la compréhension écrite avec un « retour à l’écrit sous forme d’exposition à des énoncés variés » (ex : sous-titrages, liens, etc.) (idem).
A l’aide de cet aperçu de la recherche, on peut remarquer que certains avis sont contradictoires. De plus, on y fait pas du tout mention d’apports ou de défaillances éventuels en grammaire, le domaine qui nous intéresse ici. Face à ce bilan préalable, nous pouvons nous interroger sur des justifications.
C’est justement à cette lacune de la recherche que nous allons maintenant nous consacrer en comparant le traitement de la grammaire dans notre manuel et notre CD-rom d’allemand grand-public.
Pour retrouver les références bibliographiques, se référer au chapitre 2.1.2.1
Ce scientifique ne base pas ses expériences sur des cours de langue mais sur des cours de technologie, comme par exemple de Electrical engeneering.