2.2.1. La notion de compétence en psychologie 32  :

La psychologie s’intéresse essentiellement aux variables personnelles du comportement. Elle est de ce fait essentiellement préoccupée par des objectifs de différenciation interindividuelle et exprime un jugement sur le potentiel d’adaptation de l’individu à la formation ou à l’emploi. La psychologie s’intéresse plus précisément aux notions d’aptitudes et de capacités.

« Dans la langue française, les significations (voire les connotations) attachées au langage des aptitudes s’enracinent dans des développements historiques de la notion. L’aptitude a ainsi été définie par son caractère constitutionnel, déterminé, au moins en partie, par des facteurs génétiques. On est ainsi renvoyé aux problèmes posés par la distinction entre les facteurs héréditaires et les facteurs de milieu de la variabilité interindividuelle. Cette distinction apparaît aujourd’hui comme beaucoup moins simple qu’il n’a semblé d’abord, des interactions s’établissant entre ces deux catégories de facteurs comme peuvent le mettre en lumière des disciplines telles que la psychologie sociale et la sociologie » 33 (la sociologie s’intéresse au sujet collectif historiquement et économiquement déterminé. La psychologie sociale étudie, elle, l’interaction des personnalités singulières avec les influences sociales).

La psychologie s’intéresse globalement plus aux caractéristiques individuelles dans leurs dimensions motivationnelles, tempéramentales et cognitives. Ainsi M.Reuchlin (Larousse 1991, article « aptitude ») explique que les différents individus que l’on peut observer en situation (naturelles ou artificielles) sont en général attribuées à des caractéristiques sous-jacentes non directement observables. Pour lui les aptitudes peuvent être considérées surtout comme des caractéristiques cognitives responsables de l’acquisition et du traitement de l’information. Elles se distinguent en cela des caractéristiques motivationnelles et tempéramentales assignant certaines fins ou conférant un certain style au fonctionnement des mécanismes cognitifs.

L’aptitude serait alors un construit cognitif et non un observable, résultant d’inférences sur des faits observés ; leur validité reposant sur la mise en évidence de relations empiriques entre les faits observés et ce que l’on cherche à en prédire.

La contribution de la psychologie à la définition du concept n’est donc pas des moindres dès lors qu’elle apporte un éclairage essentiel à la compréhension des problèmes de transfert, de styles d’apprentissage, de styles cognitifs et en amont du fonctionnement cognitif (le rôle des représentations notamment, des schèmes, de l’habitus…), de la métacognition, de la personnalité, des motivations sous jacentes au phénomène de construit cognitif. Nous verrons plus loin combien en effet le degré de compétence d’un individu est fortement lié à ces facteurs.

On peut se questionner sur la validité de tous les outils produits par les psychologues ayant pour visée l’évaluation des compétences. En effet les bilans de compétences conduits par les psychologues peuvent laisser interrogatifs car ils supposent la compétence comme quelque chose de transportable au-delà d’une entreprise ou d’un emploi alors qu’on la sait contextualisée et contingente…

Notes
32.

AUBREY Jacques et al. in « Savoir et pouvoir », Paris, PUF 1993, pp20-25

33.

AUBREY Jacques, ibid p20