La notion dans les Sciences de 2.2.4. l’Education et de la formation

L’usage de la notion de compétence a d’abord fait son entrée dans le monde de la formation avant d’entrer à l’école et dans le monde de l’éducation.

Dans chacun de ces mondes, « la compétence est la résultante d’une aptitude ou d’une capacité ou d’une habileté. L’aptitude est la marque de tout ce qui est individuel et de plus psychologique alors que la capacité ou l’habileté rend compte des influences du milieu en général, mais surtout des influences scolaires au travers les performances du sujet » 45 .

Les sciences de l’éducation et de la formation «  portent sur les objets qui se situent à l’articulation entre l’individu (l’apprenant) et le milieu social et professionnel d’où sont en partie tirés les objectifs qui justifient éducation et formation » 46 . De ce fait les préoccupations portées à cette notion sont rattachées à la production de compétences en rapport avec des objectifs de formation ; ou concernent des objectifs d’acquisition et de contrôle de ces derniers.

Gérard Malglaive qui fut l’un des premiers à théoriser la notion explique que la compétence est un savoir en usage désignant « une totalité complexe et mouvante, mais structurée, opératoire, c’est à dire ajustée à l’action et à ses occurrences » 47 . Outre les connaissances formalisées (le savoir scientifique), la référence au savoir en usage intègre des connaissances technologiques (connaissances des procédés mis au point par les hommes pour transformer le réel), des connaissances méthodologiques (connaissances permettant d’agir efficacement en situation complexe et incertaine) et un savoir pratique accumulé au fil de l’expérience (ensemble hétéroclite de recettes, de points de vue sur les choses, d’intuition, de réflexes et d’habitudes).

Mais pour Gérard Malglaive, la question centrale est de savoir comment ces connaissances sont mobilisées dans l’action et en amont comment les construire chez le sujet. La réponse qu’il apporte pourrait se résumer à cet énoncé : « savoir en usage et formalisation sont les deux aspects complémentaires de la compétence qui, au terme de notre analyse se présente comme une structure dynamique dont le moteur n’est autre que l’activité » 48 . On perçoit ici une grande proximité de points de vue entre Gérard Malglaive et Jacques Leplat.

Le terme de compétence a été introduit dans le discours des pédagogues par le biais de la pédagogie par objectif avant de faire son entrée dans le vocabulaire de la formation à travers les problématiques de l’observation et de l’évaluation des acquis de formation ou des acquis de l’expérience sociale ou professionnelle. Son usage va être officialisé (voire institutionnalisé) dans un premier temps dans l’expression « Bilan de compétences professionnelles et personnelles » issu de la loi du 31 décembre 1991 (Journal officiel du 4 janvier 1992) puis dans un second temps par les lois portant sur la VAP 49 puis la VAE 50 .         

Il est clair depuis le début des années 90 que le problème de l’évaluation des compétences est crucial, tant au niveau des individus pour ce qui concerne la gestion de leur parcours de formation et de qualification que pour les institutions qui gèrent les compétences humaines dont elles disposent. L’action du MEDEF « Gestion par les compétences » qui a succédé aux entretiens de Deauville (1998) ne fait que le confirmer un peu plus, ainsi que tous les outils de gestion des ressources humaines que l’on a vu apparaître ces dernières années tels que le portefeuille de compétences, le bilan de compétences, le référentiel de compétences, etc. La nouvelle réforme de la formation professionnelle (mai 2004) va d’ailleurs dans ce sens en instituant le Droit Individuel à la Formation (DIF), le passeport formation, les contrats de professionnalisation, etc. Tous ces outils ou déclinaisons de l’usage de la notion de compétences donnent en définitive une nouvelle impulsion au projet de « la formation tout au long de la vie ».

Notes
45.

AUBREY Jacques (1993), op.cit. p30

46.

AUBREY Jacques, ibid p29

47.

MALGLAIVE Gérard, op.cit, p270

48.

MALGLAIVE Gérard, ibid p272

49.

Loi du 20/ 07/1992, Décret n°93-538 du 27/03/1993

50.

La VAE est un dispositif défini par la loi de modernisation sociale du 17/01/2002 pour venir compléter et remplacer la VAP