De l’organisation au modèle d’action

Les modèles en dépit de leur formalisme entretiennent avec le réel un rapport étroit soit en cherchant à le décrire fidèlement pour en tirer des lois explicatives soit en cherchant à mieux le maîtriser pour en tirer des lois prédictives.

Par modèle, explique Monique Combes, on désigne généralement « une construction théorique qui prend en compte un ensemble de variables relatives à des comportements ou a des données environnementales, définit les relations existant entre ces variables et les traite selon la logique propre du modèle. […] Dans la littérature l’usage du terme de modèle dépasse largement le cadre doctrinaire et restrictif que nous venons de dresser. Il peut s’appliquer à des constructions beaucoup plus généralisantes. […] Ici le terme de modèle s’apparente à ce que T. Kuhn (1972) appelle un paradigme ou une matrice disciplinaire, c’est à dire un ensemble de concepts, de postulats ou de méthodes que partagent les scientifiques relevant d’une discipline donnée [ …]. Selon S.Airaudi (1995), les modèles d’organisation recouvrent et articulent deux modalités : une modalité spécifiquement organisationnelle (des modes d’organisation) et une modalité sociale (un groupe social de base évoluant dans un contexte organisationnel). A titre d’illustration, les travaux d’Aoki (1991) décrivent le modèle de la firme japonaise au travers d’un mode particulier d’organisation (pour la firme J, il s’agit de la coordination horizontale) et d’un mode-type de relations sociales (principe de contrôle par la hiérarchie des grades qui détermine un engagement de longue durée des salariés). [ …] Les modèles d’organisation du travail, quant à eux sont constitués d’un certain nombre de principes directeurs qui répondent à trois questions fondamentales : comment diviser le travail entre les personnes, comment concevoir, coordonner et contrôler les activités de chacun, et enfin, comment adapter l’unité aux changements de l’environnement et des contraintes (LIU, 1983). Ces différents modèles (taylorien, en groupe semi autonomes pour n’en citer que deux) sont fondés sur un ensemble d’hypothèses plus ou moins explicites : hypothèses sur la nature du travail (travail entièrement prévisible ou comportant une part d’aléas), sur la nature de l’individu au travail (présentée de manière caricaturale dans la théorie X et Y de Mac Grégor), hypothèses sur l’environnement des organisations (stable, déterministe et certain ou instable et hétérogène). Ils participent d’une certaine vision du monde mais aussi par leur aspect normatif, contribuent à construire ce monde » 92

Notes
92.

COMBES Monique in « Quatre modèles de représentation des organisations :  Modèles, Idéaltypes, Métaphores et Formes." in Revue Internationale de Systémique, Vol.11, n°3, p 271-272