De l’organisation à l’idéaltype

Les idéaltypes, au sens de Max Weber, se distinguent des modèles car ils fonctionnent comme un instrument de compréhension qui accentue par la pensée des éléments déterminés de la réalité .

Monique Combes explique que « L’idéaltype est une image, une caricature, qui possède au moins la vertu majeure, celle d’éviter de prendre l’idée pour la réalité » 93 . Elle l’exemplifie au travers de la typologie des configurations organisationnelles élaborée par Henri Mintzberg (1986) et au travers de l’organisation qualifiante telle que développée par Jean François Amadieu et Louis Cadin (1996).

L’idéaltype serait obtenu selon Max Weber « en accentuant unilatéralement un ou plusieurs points de vue et en enchaînant une multitude de phénomènes donnés isolément, diffus et discrets, que l’on trouve tantôt en grand nombre, tantôt en petit nombre et par endroits pas du tout, qu’on ordonne selon les différents points de vue, choisis unilatéralement, pour former un tableau de pensée homogène » 94 .

L’idéaltype n’est donc pas l’exposé du réel puisqu’il se construit en accentuant certains traits et en en rejetant d’autres sans être normatif ou prescriptif, sans porter de jugement de valeur. Max Weber a construit différents idéaltypes qui sont ainsi souvent confondus avec des modèles car son propos « n’était pas d’indiquer la forme d’organisation la plus efficace de toutes, mais bien, en accentuant certains traits significatifs repérés dans les organisations en place au début du siècle, de mieux comprendre leur articulation avec les sociétés contemporaines » 95 .

L’idéaltype ne serait ni à confondre avec une réalité historique, ni avec une réalité exemplaire, mais avec une image intelligible de cette réalité permettant de la comprendre et non de l’expliquer. Il a donc un degré de généralisation moins important que le modèle.

Il nous semble que Philippe Zarifian en développant ses principes autour de l’organisation qualifiante est contrairement à Jean François Amadieu, Louis Cadin et Monique Combes, dans la démarche d’une construction de modèle en adoptant une démarche plus prescriptive que compréhensive.

Alors idéaltypes ou modèles d’action ? Sans doute un peu de chaque, ni exposé du réel, ni exposé du virtuel… Entre démarche de compréhension et démarche de prescription… Tout dépend sans doute de celui qui prend la parole et discourt à leur endroit…

Notes
93.

COMBES Monique, ibid p274

94.

WEBER Max in COMBES Monique, ibid p275

95.

COMBES Monique, ibid p277