II.Postulats de ces modèles d’action

L’émergence des notions d’organisation apprenante ou qualifiante et d’apprentissage organisationnel a été concomitante, ce qui explique la fréquence des malentendus, confusions et amalgames qui les caractérisent. Elles semblent très voisines, pourtant elles relèvent de deux perspectives distinctes.

Pour Jacques Aubret « Les termes d’entreprise apprenante et d’apprentissage organisationnel reflètent une vision et un courant de recherche anglo-saxon. L’entreprise apprenante renvoie aux processus collectifs de création, de diffusion et d’assimilation des connaissances et des savoir-faire. La problématique de l’organisation qualifiante est spécifiquement française. Elle s’intéresse à l’organisation du travail, surtout dans le secteur industriel, ainsi qu’aux processus par lesquels l’individu et le groupe de travail peuvent faire face à des situations changeantes » 96 . Philippe Zarifian abonde dans ce sens lorsqu’il affirme que la seconde est l’adaptation française de la première.

Dans tous les cas, ces notions impliquent de faire évoluer les structures organisationnelles, les procédures de travail et le style de management des hommes pour favoriser l’émergence et le développement continu d’un ensemble cohérent de processus d’apprentissages, et ce, à trois niveaux :

Individuel : l’apprentissage individuel correspond aux apprentissages que l’individu effectue seul. Ces apprentissages seront plus ou moins formalisés car on distingue les moments d’apprentissages formels (la formation dite classique ou traditionnelle, les formations sur site, l’autoformation assistée…) et les moments d’apprentissages informels (formation sur le tas, mimétisme, expérience, échanges avec les pairs, etc.). On considèrera qu’il ne peut y avoir apprentissage que s’il y a prise de distance et analyse critique vis à vis des situations de travail. Le rôle de l’encadrement sera important pour que cette dépréhension du travail puisse exister.

Collectif : l’apprentissage collectif désigne les apprentissages que les individus effectuent par le groupe de travail souvent à l’occasion d’activités réalisées en équipe de manière coopérative ou collaborative. La somme des compétences individuelles ne forme pas la compétence collective, elles ont à s’articuler autour d’un projet commun, d’une culture commune. Le rôle de l’encadrement est ici encore fondamental, il n’est plus là pour prescrire, mais pour accompagner, faciliter.

Organisationnel : l’apprentissage organisationnel désigne une organisation qui apprend en mémorisant les résultats de ses expériences et les acquis de ses activités au travers ceux de ses salariés. Elle les rend disponibles.

Alors à quoi voit-on qu’une organisation est qualifiante ? apprenante ? Certains auteurs répondent en mettant en avant des pratiques de gestion. D’autres répondent en s’appuyant sur les effets perçus par les salariés.

Notes
96.

AUBREY Jacques et Al. (2002), op.cit. p112