Le concept d’événement permet « de trancher avec la vision taylorienne du travail en permettant aux salariés, aux opérateurs, de se réapproprier le travail » 140 . L’événement peut prendre différentes formes : une panne, un défaut qualité, un programme de production qui est perturbé, un conflit, un nouveau produit mis en production, mais aussi la perte d’un client, la conquête d’un nouveau marché, etc. Comme on peut le constater, l’activité professionnelle peut être truffée d’événements, c’est à dire « de choses qui arrivent de manière non prévisible, surprenante, en excès par rapport à la situation considérée comme normale, et en excès aussi par rapport aux connaissances immédiatement disponibles pour ceux qui doivent affronter l’événement » 141 . Bertrand Schwartz aurait parlé de « Pédagogie du dysfonctionnement » 142 . Ce premier principe vise à remplacer l’aléa de production par l’aléa formateur.
Ces situations événementielles portent en elles de formidables possibilités d’apprentissages, à condition que l’organisation le prévoie et permette aux salariés de participer à la compréhension, à l’analyse et à la maîtrise des événements. Si elle le prévoit, elle autorise alors le développement de la réactivité des salariés aux événements parce que tout événement met d’abord en jeu des qualités d’analyse des situations, de diagnostic et de réalisation de choix pertinents, en temps réel. Cette qualité de réponse est largement dépendante du savoir que les personnes peuvent être amenées à détenir si l’organisation le leur permet. Bien entendu, parler d’événement peut recouvrir tout aussi bien des événements déterminés par l’environnement (changement de commande par exemple) que des événements crées par l’organisation ( projet, plans d’action, lancement de produit, audit qualité, etc. par exemple) ou encore crées par les individus comme nous avons pu le mettre en évidence dans notre recherche.
A l’occasion de notre recherche, les situations événementielles déclarées sont le résultat d’événements provoqués
La vision taylorienne dépossède les ouvriers de leurs savoirs, de leur capacité de conception du travail ; le travail est prescrit : il suffit d’appliquer des règles et des procédures ; les opérations de travail sont reproductibles et se rodent par la routine et par le non changement, etc.
ZARIFIAN Philippe (Colloque Genève 2000), op. cit. p2
SCHWARTZ Bertrand in ROPERT G. et HASPEL Régine in „Construire des organisations qualifiantes“, p47