IV.L’organisation qualifiante, notion managériale ou nouvelle forme organisationnelle ? Mode d’aménagement ou mode de management ?

Malgré des démarches fortement médiatisées, les retours d’expériences d’organisations qualifiantes sont finalement assez peu convaincants. Jean François Amadieu et Louis Cadin, dans leur ouvrage « Compétence et organisation qualifiante » ¹⁶⁷ notent que la portée réelle du modèle « est bien en deçà de l’ambition de ses promoteurs qui espéraient l’avènement d’un nouveau modèle socio-productif » ¹⁶⁸ . S’est-on assez interrogé sur ce qui freine le développement de telles organisations et sur les moyens d’y remédier ?

Si l’on souhaite que ces organisations prennent forme, il s’agit de se demander si elles relèvent d’une notion managériale ou d’une nouvelle forme organisationnelle, si elles procèdent d’un mode d’aménagement ou d’une mode de management….

Les situations potentielles d’apprentissages que nous avons pu repérer relèventessentiellement d’effets secondaires du travail et peuvent être qualifiées d’autoformatives. Comme le souligne André Moisan, « L’autoformation ne se décrète pas ni ne s’organise dans un dispositif : ce dernier peut tout au plus, créer des situations qui permettront à des individus d’y développer des processus d’autoformation » ¹⁶⁹ . Assiste-t-on à l’émergence d’un nouveau paradigme, celui du « knowledge worker » ¹⁷⁰ pour reprendre un terme utilisé par Jan Rombouts et qui qualifierait les personnes prises dans des processus d’autoformation ?

L’organisation du travail peut aider à apprendre, mais nous avons surtout pu observer sur le terrain que les situations d’apprentissages se caractérisent par leur informalité et leur spontanéité ; les apprentissages devenant des produits dérivés de l’action. Est-ce à dire que l’on ne peut pas apprendre dans des organisations qui ne seraient pas dites qualifiantes ou apprenantes ?