1.4. Partis pris méthodologiques 

Pour repérer les facteurs intervenant dans les situations de développement des compétences, nous avons opté pour le parti pris consistant à privilégier le point de vue des salariés. Nous nous sommes intéressée non plus aux pratiques de gestion elle-mêmes mais aux représentations que les acteurs se font des effets de ces pratiques (pratiques déclarées).

Ce parti pris méthodologique présuppose que l’organisation en soi n’est pas apprenante mais que ce sont les situations qu’elle contribue à façonner et modeler (modes de division et de coordination du travail, communication, etc.) qui peuvent être porteuses d’effets d’apprentissages et de développement des compétences. Ces situations ne peuvent être analysées en évinçant leurs acteurs, qui sont ici les apprenants. En effet mettre l’accent sur les capacités des organisations à organiser les apprentissages serait oublier la responsabilité de chaque personne pour son propre apprentissage professionnel. Nous avons donc choisi de travailler sur ce que nous avons convenu de nommer « le sentiment d’apprendre » afin d’identifier ces facteurs favorables et/ou défavorables aux apprentissages en situation concrète de travail.

Nous avons donc pris le risque en s’attachant au discours des personnes ne n’avoir accès qu’à une partie de la réalité de nos interviewés. Une partie seulement parce que l’interview est une situation de communication qui met en jeu les personnes et ce qu’elles ont envie de montrer d’elles, mais aussi le sens et les significations qu’elles accordent aux situations qu’elles verbalisent et décrivent… Sans compter que sens et significations varient dans le temps, ils sont construits à un moment donné et peuvent se transformer à un autre moment. Le vécu de l’expérience, son souvenir, sa mise en représentation ou sa mise en discours sont autant de moments différents.

Enfin, l’analyse de la liaison organisation du travail et développement des compétences s’est faite en portant un intérêt plus particulier au développement qualitatif des compétences, à la manière dont les personnes avaient le sentiment de se professionnaliser et non de multiplier leurs compétences, que cela soit en termes d’adaptation ou de développement professionnel. Nous pourrions parler de transformation des compétences et non de leur développement.