3.1.Le projet professionnel ou la possibilité d’évoluer au sein de l’entreprise

Globalement beaucoup d’individus pensent que le développement professionnel n’est possible que si l’on a envie de progresser et que s’il est possible d’apprendre des choses au quotidien. C’est parce que « l’on a envie d’en apprendre » et d’évoluer que l’on cherche à progresser dans ses manières de faire, d’être et d’agir : « on progresse que si on est autocritique », « on apprend que si on a envie d’évoluer », etc.

Les individus se consacrent d ’abord aux tâches pour lesquelles ils ont le plus d ’intérêt… Le CE qui se préoccupe d’abord du bilan sur les interventions techniques ou futures avant de se préoccuper des problèmes de qualité… Le préparateur de commandes qui gèrent ses priorités plutôt que celle de sa fonction… Il préfère le chargement et va d’abord aller donner un coup de main sur le quai d’expédition avant de s’assurer que tous les produits qu’il a à préparer sont tous en stock…

Le projet professionnel influence fortement le choix des priorités en termes de développement des compétences… Les CE en particulier et les personnes ayant des espoirs de mobilités internes. Ces personnes se projettent dans l’avenir et identifient les compétences qu’elles se doivent d’acquérir.

Un chef d’équipe de Diverplastic a conscience de l’importance des compétences managériales et cherche à les développer en s’intéressant aux manières de faire des autres ou en confrontant ses manières de faire à celles des autres…

Chez Logimeuble, un préparateur de commande de Logimeuble explique qu’il tente d’entrer en contact le plus possible avec les gens du tuning, car il pense que c’est la voie royale pour devenir un jour chef d’équipe.

Un chef d’équipe de Logifer souhaite évoluer vers des responsabilités de dépôt, il s’intéresse de très près à la culture de la logistique et favorise de nombreux échanges avec ses responsables.

Les opérateurs de Logifer expliquent qu’il n’y a pas de possibilité d’évolution dans l’entreprise et ne voient donc pas pourquoi ils feraient des efforts puisque « ils n’ont rien à démontrer »

Un technicien de Diverplastic passe beaucoup de temps au bureau d’études pour régler des problèmes de dossiers de production et en profite pour s’intéresser aux activités périphériques à la constitution de ces dossiers, il n’aspire qu’à une chose : l’industrialisation des produits, ce qui ne fait pas partie de sa mission.

O : « Si je deviens de plus en plus professionnel, je le dois qu’à moi. Ca dépend de l’intérêt pour mon job et de la recherche des infos dont j’ai besoin »

CE : « La motivation joue un rôle important pour développer ses compétences. Il faut avoir envie de surmonter ses lacunes, ses points faibles, les connaître et savoir comment y remédier. Il faut être capable de se donner des objectifs d’amélioration… Toutes ses lacunes on les identifie par un regard sur soi ou grâce aux entretiens avec le responsable… Tout le monde est perfectible »

O : « En prépa, mon tuteur était pro du job de base mais c’est ma curiosité qui m’a permis de comprendre la chaîne logistique et le pourquoi des choses »

CE  : « Il faut avoir envie de progresser pour progresser, c’est dans ma nature »

[ Témoignages circonstanciés complémentaires en annexe (T16) ]

Au fil des entretiens, on se rend compte que les agents se mettent beaucoup plus facilement en projet lorsqu’ils savent qu’ils auront la possibilité d’évoluer dans l’entreprise. Cela est particulièrement vrai chez Logimeuble où les possibilités de changer d’emploi ou de bénéficier d’une promotion sont importantes, ce qui n’est absolument pas le cas chez Logifer où l’on est « condamné  à rester dans les emplois de production » pour reprendre les paroles d’une personne interviewée.

Les individus se mettent également en projet lorsqu’ils occupent un poste qui peut leur permettre d’accéder à un autre poste. Ainsi chez Visenplastic ou Uplastic, un opérateur peut devenir régleur, ce n’est pas le cas chez Diverplastic ; un chef d’équipe peut envisager un jour de travailler dans un service technique ou méthode, ou devenir technicien d’atelier. Les contextes de travail sont ici très importants.

Le fait de pouvoir faire des projets ou de se projeter dans l’avenir semble être un puissant moteur d’apprentissage, que cela soit au sein ou en dehors de l’entreprise.